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Gavin Mortimer : "La France est en pole position en matière de nullité politique"

Pour l’historien et écrivain britannique, la France pâtit aujourd’hui d’un excès de moralisation, et d’une classe politique "médiocre à souhait".

Le président français Emmanuel Macron s'apprête à voter au second tour des élections législatives, le 7 juillet 2024 au Touquet

C'st sans doute l’un des Britanniques les mieux renseignés sur la politique française, dont il chronique les tourments pour le magazine conservateur The Spectator. Et c’est peu dire que, ces derniers temps, ses articles concernant la crise politique que traverse la France ont souvent frisé le registre de la consternation… Loin d’excuser Emmanuel Macron, qui "laisse derrière lui des Français anxieux" et "aux abois", l'historien et écrivain Gavin Mortimer retrace les origines de la "colère" qu’il perçoit dans l’Hexagone, où il vit depuis plus de 12 ans. Et explique pourquoi, selon lui, c’est au Nouveau Front populaire de gouverner, "point barre".

Loin de donner un blanc-seing à ses lieutenants, ni même au Rassemblement national (qui "bénéficie de l’incohérence qu’il y a en face"), Gavin Mortimer juge pourtant qu’il faut arrêter de dire de La France insoumise et du Rassemblement national qu’ils sont "hors de l’arc républicain". Et n’épargne personne. "Pour comprendre pourquoi nous vivons une période assez extraordinaire en termes de menaces (…), il ne faut pas sous-estimer la nullité de nos politiques", juge-t-il. Entretien.

L’Express : "Macron se voit en protecteur des Français, et il est convaincu que l’'anxiocratie' permanente est le moyen le plus efficace de maîtriser son peuple réfractaire", écriviez-vous en 2022. Deux ans plus tard, pensez-vous que cette disposition a joué un rôle dans la crise politique que nous vivons ?

Gavin Mortimer : Quand on secoue les peurs des Français comme Macron l’a fait sans apporter de solutions, sans se poser véritablement la question de "pourquoi" les extrêmes continuent de grimper dans les urnes, on ne peut pas espérer que cela finisse bien. Les résultats des deux derniers scrutins sont la preuve que cette anxiocratie dont Macron a été le maître d’œuvre n’a pas eu les effets attendus : ni son discours de la Sorbonne, en avril 2024, lors duquel il s’était posé en sauveur de l’Europe face à Poutine, ni même le fait d’avoir agité l’hypothèse d’une "guerre civile" en cas de victoire des extrêmes aux législatives, ne semblent avoir eu de prise sur le vote des Français.

Macron ne convainc plus, mais surtout, il laisse derrière lui des Français anxieux, aux abois pour qu’une alternative émerge. Début juillet, pendant l’entre-deux tours, je me suis rendu au rassemblement contre l’extrême droite organisé Place de la République, et quelque chose m’a beaucoup marqué : la haine à l’égard de Macron y était aussi présente (sinon plus !) que celle du RN…

Date de dernière mise à jour : 18/07/2024

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