La France au bord de l’abîme : Il faut sauver le soldat France LIVRE

Pas un jour ne passe sans que les médias ne nous remontent des chiffres le plus souvent alarmants quant à l’état de la France. André-Victor Robert a voulu donner du sens à cette abondance de données. Aux chiffres isolés, aux clichés de l’instant et surtout aux sources douteuses, il a préféré les historiques d’évolution, les comparaisons internationales et les chiffres officiels. C’est ce que nous propose La France au bord de l’abîme (Éditions de l’Artilleur), en 450 pages copieusement documentées.

Les Français en voie d’analpha-bêtise ?

Afin de mettre en perspective une situation globale qui ne s’explique que par la confrontation de multiples facteurs, l’auteur a commencé par observer le bateau ivre qu’est devenu l’Éducation nationale, oubliant le sens même de sa mission : instruire. Les chiffres de la baisse du niveau éducatif sont la cause principale et directe de la dégringolade de la France dans les classements internationaux. Et l’avènement de l’enfant roi a ajouté à cela la quasi-disparition de notions ringardisées comme la discipline ou le goût de l’effort. L’enseignement est avant tout victime d’une idéologie, et si nombre des enseignants en ont été les promoteurs, ils en sont aussi les grandes victimes et sont aujourd’hui mal recrutés, mal formés et mal payés. Tout est donc à revoir, de la conception même de ce qui devra redevenir une « instruction » jusqu’à la condition d’exercice mal formée de ses métiers, en passant bien sûr aussi par les programmes.

L’économie en mode réanimation

On ne s’étonne évidemment pas qu’André-Victor Robert consacre la majeure partie aux questions économiques, au sens le plus large du terme. Le Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne sont, à ses yeux, des excuses trop faciles. Tant les faiblesses datent d’avant et sont devenues des marqueurs forts d’une incapacité à gérer les finances et assurer la bonne tenue de l’activité économique. Les mesures proposées sont à la hauteur d’une situation générale catastrophique : réduction des dépenses publiques, relance et relocalisation industrielles, préparation à une sortie de l’euro, mesures en faveur du travail…

Faire barrage à la submersion migratoire

Le livre ouvre aussi le volumineux dossier de l’immigration et s’attaque à quelques idées reçues, comme « l’immigration remède à nos difficultés démographiques et économiques ». Les vrais enjeux ne consistent, en effet, pas tant à compenser une faiblesse démographique par une immigration par ailleurs très coûteuse qu’à relancer une natalité qui a été découragée, notamment par l’arrêt volontaire de la politique familiale. De la même façon, prétendre que l’immigration permet de favoriser l’emploi dans des « métiers en tension » est-il vraiment sérieux ? Oublie-t-on que ce sont des décennies d’une politique économique et fiscale dévastatrice qui ont mis ces métiers en tension ? Et les chiffres (officiels) parlent d’eux-mêmes : que représentent vraiment les quelques économies que l’on prétend réaliser d’un côté en important sans aucune vergogne une main-d’œuvre prolétarisée et exploitée, face au coûts directs et indirects générés par une immigration massive ?

Pour un volontarisme politique

L’auteur a bien compris qu’en économie aussi, le verrou actuel à tout redressement de la France est politique. Et c’est pourquoi il milite pour le recours au référendum (en s’inspirant, sans le copier, du modèle suisse de la votation). Il veut aussi lutter contre la « république des juges » avec quelques objectifs précis : faire revenir le Conseil constitutionnel dans son périmètre originel (respect des seuls 89 articles de la Constitution), contestation possible des décisions du Conseil d’État (par voie parlementaire ou référendaire) et réforme de la composition et du fonctionnement du Conseil d’État et du Conseil supérieur de la magistrature.

Ce volontarisme politique que prône André-Victor Robert le conduit à un certain optimisme, pourvu que l’on fasse montre de courage, de volonté et de bon sens.

Etienne Lombard