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La politique a ses raisons que la raison ne connaît point

Les Pensées politiques de Blaise Pascal – PHILITT

Depuis les élections européennes, la France connaît des semaines folles, et contrairement à la Folle Journée de Nantes, ce ne sont pas des flots d’harmonie qui se déversent sur les Français, mais une cacophonie politique telle que nous en avons rarement connu. Le système oligarchique aime à s’autoproclamer « cercle de la raison ». Pour l’heure, c’est plutôt celui de la déraison.

Il y eut d’abord la panique générale provoquée par le résultat du premier tour des élections législatives anticipées. Plus encore que la crainte de voir le Rassemblement national accéder au pouvoir, il s’agissait d’une sorte de peur viscérale de voir le système politique sur lequel la France et l’Europe vivaient depuis Mai 1968 s’effondrer sur lui-même. La fin du règne de l’individu roi et indifférencié, déraciné, manipulé par les marionnettistes de la mondialisation, soumis aux modes intellectuelles du moment et aux oukases des minorités, abreuvé de propagande politiquement correcte et ballotté au gré des promesses électoralistes de partis qui préfèrent leur survie à celle de la patrie, bradée au nom des lendemains qui chantent de l’aube radieuse de la technocratie européenne. Voici que venait le temps de l’enracinement, des communautés naturelles, de la France souveraine et libre, de l’ordre harmonieux qui protège les faibles et punit les méchants, qui favorise l’initiative et la hardiesse plutôt que l’assistanat, la transmission plutôt que la table rase qui appauvrit sur le plan culturel, patrimonial et économique. Le retour de « la France mère des arts, des armes et des lois ».

Il fallait donc tout sauf ça. Vite ! une alliance électorale entre la Macronie libertaire et « capitalo-mondialiste » et un Nouveau Front populaire porteur d’un programme d’extrême gauche. Le mariage de la carpe et du lapin, la déraison transformée en comble d’habileté politique pour contrer « les extrêmes ». En fait d’extrême, il n’y avait que l’extrême gauche, le RN n’était porteur que d’un programme somme toute gaullien : indépendance nationale, respect d’un ordre juste, souci social, coup d’arrêt à une immigration invasive. Le brave électorat conformiste tomba dans le panneau, pour s’effaroucher ensuite du succès du NFP induit par l’alliance électorale à laquelle il avait souscrit. Où, donc, est passée la raison, en tout cela ?

Autre déraison, celle de la gauche coalisée qui proclamait follement une victoire imaginaire, car elle était dans l’incapacité d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale, comme l’avait démontré la réélection de Mme Braun-Pivet au perchoir. Mais déraison pour déraison, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Sans barguigner l’extrême gauche, la gauche, le centre et la droite conformiste ont estimé très raisonnable de priver les députés du Rassemblement national de tout poste de responsabilité à l’Assemblée nationale, contre l’esprit même de son règlement et des principes démocratiques, puisque ce parti a le groupe le plus important de la chambre basse et représente près de onze millions d’électeurs. Tout cela est-il bien raisonnable ?

Tandis que les braillards débraillés de LFI criaient à une illusoire victoire « volée », le président de la République finit par choisir son Premier ministre dans la famille du groupe dit de la Droite républicaine, le cinquième en nombre. Cherchez en vain la raison démocratique de tout cela. Car, enfin, la situation politique catastrophique du pays tient beaucoup au gouvernement qui fut exercé pendant dix-sept ans, de Chirac à Sarkozy, par cette famille politique qui s’acharna à ruiner l’héritage gaulliste dont elle se prétendait héritière. La seule constance que l’on peut lui reconnaître fut de trahir son électorat avec une régularité de métronome. Chacun se souvient de l’élection de Sarkozy sur une campagne droitière, inspirée par Patrick Buisson, et qui se conclut par l’ouverture à gauche et le traité de Lisbonne qui bafouait le vote référendaire de 2005 ! Encore aux dernières élections européennes, il nous était « raisonnablement » expliqué que le meilleur moyen de porter une vision « euro-critique » était de s’affilier au groupe le plus « euro-béat » qui soit : le PPE !

Dans cette « nef des fous », le seul parti qui se comporte raisonnablement est le Rassemblement national, qui n’empêchera pas par principe le gouvernement Barnier de gouverner car il faut bien un gouvernement à la France. Nous verrons si le Barnier nouveau est la traduction d’une soudaine conversion et d’une volonté de redresser la France en lui redonnant les mains libres ou s’il s’agit seulement de la volonté électoraliste de faire reculer le RN dans les urnes. Il est toujours possible de rêver, mais prenons garde aux réveils cauchemardesques.

Stéphane Buffetaut

 

Date de dernière mise à jour : 16/09/2024

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