Emmanuel Macron a laissé entendre qu’il tirerait des leçons de ce scrutin, organisé jeudi à l’Assemblée nationale.
Perchoir - Emmanuel Macron a laissé entendre qu’il tirerait des leçons de ce scrutin, organisé jeudi à l’Assemblée nationale
C’est un vote qui pourrait donner quelques indices sur le futur locataire de Matignon. L’élection pour la présidence de l’Assemblée nationale aura lieu ce jeudi à 15 heures, à l’ouverture de la nouvelle législature. Un scrutin qui s’avère très incertain en raison de l’absence de majorité absolue dans l’Hémicycle. Comment se déroule le vote ? Qui succédera à Yaël Braun-Pivet au perchoir ? Et pourquoi cela aura-t-il un impact sur le futur gouvernement ? On fait le point.
Quelles sont les règles du scrutin ?
Le quatrième personnage de l’Etat est élu par l’Assemblée nationale fraîchement élue. Chaque député passe à la tribune et vote par bulletin secret. N’importe quel député peut se porter candidat.
Pour être élu au premier tour, il faut recueillir la majorité absolue des suffrages exprimés. Si tel n’est pas le cas, un second tour est organisé. Les candidats peuvent alors maintenir ou retirer leur candidature, ce qui laisse la place à d’importantes tractations entre les partis.
Si personne n’obtient encore la majorité absolue, un troisième et dernier tour permet de trancher. Cette fois, il faut obtenir la majorité relative (le plus de voix) pour être élu.
Pourquoi le vote est crucial cette année ?
Dans sa lettre aux Français, Emmanuel Macron a estimé qu’aucun camp n’était sorti victorieux des législatives. Le président a appelé à « bâtir une majorité solide » dans l’Hémicycle, c’est-à-dire capable de résister à une motion de censure.
L’élection de jeudi donnera de premiers éléments de réponse, puisque le président de l’Assemblée sera élu par les députés. C’est d’ailleurs ce qu’aurait laissé entendre le chef de l’Etat, vendredi, lors d’une réunion à l’Elysée. « Pour lui, si le Nouveau Front populaire récupère le perchoir, cela indique qu’il est en position de gouverner », indique un participant à l’AFP. Le vote sera une « première clarification » en vue de la formation d’un gouvernement, ajoute-t-il.
En cas d’échec du NFP, le président pourrait s’en servir pour justifier de ne pas nommer un Premier ministre de gauche.
La gauche sera-t-elle unie ?
« Monsieur Macron nous met au défi, en laissant entendre qu’une majorité se ferait par ce vote pour le perchoir, et que le Premier ministre en découlerait. Il faut donc une candidature unique à gauche », indique le député insoumis Antoine Léaument. « Ayons le calme des vieilles troupes et soyons unis », abonde son collègue PS Arthur Delaporte. Reste à s’entendre sur un nom… Pour avoir une chance de l’emporter, les insoumis seraient cette fois prêts à laisser la place, pour miser sur une personnalité plus consensuelle. L’écologiste Cyrielle Chatelain, le socialiste Boris Vallaud ou le communiste André Chassaigne sont les favoris.
Le camp présidentiel va-t-il s’allier avec la droite ?
Battu par la gauche aux législatives, le camp macroniste n’entend pas pour autant lâcher les armes. Leur calcul est simple : leurs voix ajoutées à celles de la droite permettraient au « bloc central » de passer devant le NFP, de le priver du perchoir, et donc peut-être de Matignon dans la foulée. « Je pense qu’on va tomber d’accord avec Yaël Braun-Pivet pour bloquer la gauche », dit un député LR sous couvert d’anonymat à l’AFP.
Mais la présidente sortante Yaël Braun-Pivet (Renaissance) ne fait pas forcément consensus. La députée LR Annie Genevard et le centriste Charles de Courson sont déjà candidats, tandis que les alliés Horizons et MoDem réfléchissent aussi à leur propre candidature.
Des tractations avec le RN ?
Que feront les 143 députés RN ? Avec autant d’élus, le parti de Marine Le Pen pourrait faire basculer le vote pour le perchoir. En contrepartie, le RN lorgne déjà sur des postes clés, qui seront en jeu vendredi et samedi, comme les vice-présidences ou la Commission des finances. « Est-ce que les macronistes vont bidouiller et s’accorder encore avec l’extrême droite ? Je leur rappelle qu’ils ont été élus avec les voix du Front républicain », s’agace Antoine Léaument.
Dans son viseur, Yaël Braun-Pivet, accusée de négocier secrètement avec le groupe de Marine Le Pen pour s’assurer le perchoir, ce qu’elle a démenti. Dans un courrier cosigné, les quatre présidents des groupes du NFP ont d’ailleurs appelé ce mardi soir les partis du « bloc central » à une rencontre afin d’écarter le RN des postes importants au Palais Bourbon.
La Rédaction