Législatives : la haine de la police au cœur des manifestations de victoire

Ce dimanche 7 juillet, pour le second tour des élections législatives anticipées, un dispositif de sécurité spécial avait été mis en place. Sur tout le territoire, 30.000 forces de l’ordre avaient été déployées pour prévenir d’éventuels débordements. Comme lors des élections européennes ou du premier tour de ce scrutin, en cas de victoire du Rassemblement national, des manifestations de protestation étaient à craindre. La troisième place obtenue par le RN n’a pas suffi à calmer les esprits. Dans plusieurs grandes villes de France, malgré les résultats qui ont placé le Nouveau Front populaire en tête en nombre de sièges, les anti-RN avaient encore de l’énergie à revendre.

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Des centres-villes assiégés

À Paris, la place de la République a donc, une nouvelle fois, été le théâtre d'affrontements entre manifestants tout de noir vêtus et policiers. Les slogans « Tout le monde déteste la police » ou « ACAB [All Cops Are Bastards, NDLR] » ont précédé des jets de projectiles et des tirs de mortiers en direction des forces de l’ordre. Des barricades ont été dressées à l’aide de vélos et de trottinettes en libre-service en flammes et, pour couronner le tout, des banques et des magasins ont été pris pour cibles par des casseurs.

Même chose, ou presque, à Rennes et à Nantes, où des manifestations non autorisées ont dégénéré. Dans la ville de Loire-Atlantique, un policier de la CRS 82 de Saint-Herblain a été grièvement blessé au bras par l'explosion d'un cocktail Molotov. Les villes de Lyon, Caen, Toulouse, Strasbourg, Poitiers, Lille ou Marseille n’ont pas fait exception. Partout, des dégradations, des tensions et des slogans anti-RN mais aussi, et surtout, anti-police. Dans la deuxième ville de France, près de 5.000 personnes ont défilé dans les rues, du Vieux-Port (Ier) au cours Julien (VIe) en passant devant la préfecture de police. Là, alors que les CRS restaient immobiles, nombre de manifestants ont fait face aux unités déployées pour les insulter et lever le majeur....

Des policiers ciblés

Comme l’explique Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance Police joint par BV, les forces de l’ordre sont habituées à ce genre de provocations : « On s’y attendait. » En revanche, ils se demandent ce qui les attend, dans les jours à venir : « Nous avons une véritable inquiétude. S’il y a un gouvernement sans la LFI, ça peut dégénérer », poursuit Rudy Manna. Autrement dit, si les électeurs du NFP avaient le sentiment d'être floués lors de la constitution du nouveau gouvernement, ils pourraient de nouveau descendre dans la rue.

Au-delà de ces manifestations de mécontentement, le policier s'inquiète pour l’avenir du pays. La victoire relative de La France insoumise, un parti qui n’a jamais témoigné une grande sympathie aux forces de l’ordre, pourrait débrider la haine anti-flics et « enfoncer la France dans un marasme insécuritaire », si ce n’est déjà le cas.

Sarah-Louise Guille

 

Date de dernière mise à jour : 09/07/2024

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