Le président de la République reste muet depuis les résultats, calamiteux pour la Macronie, du premier tour des législatives. Les états-majors cherchent à endiguer la vague bleu-marine et les candidats sont prêts pour le deuxième round.
Pour le second tour de ces législatives anticipées, le 7 juillet 2024, 501 circonscriptions restent à pourvoir (sur 577) puisque 76 députés ont d’ores et déjà été élus : 39 pour le Rassemblement National, 32 pour le Nouveau Front Populaire, 2 pour Ensemble pour la République, 1 pour Les Républicains et 2 pour les Divers droite.
Au soir du premier tour, on s’orientait vers 306 triangulaires, 190 duels et 5 quadrangulaires. Mais cette configuration arithmétique était trop favorable au Rassemblement National qui vise la majorité absolue à l’Assemblée, comme le souhaite Jordan Bardella, président du RN.
Les décisions des états-majors
Les tractations menées dans les coulisses des états-majors ont fini par accoucher, dans la douleur, d’alliances de circonstances, dans le but de barrer la route à l’extrême droite. C’est ainsi que 205 candidats, (127 du NFP et 78 du camp présidentiel, dont 5 ministres), ont été priés de retirer leur candidature au second tour alors qu’ils étaient en capacité de se maintenir. Reste donc en lice un peu moins d’une centaine de triangulaires.
Une équation, deux inconnues
Que va-t-il se passer le 7 juillet dans les urnes ? La réponse dépend de deux inconnues.
Première inconnue : la participation (proche de 67% au premier tour) sera-t-elle aussi forte ? Si oui, elle pourrait confirmer la tendance du premier tour. Sinon, on pourrait assister à un ressac de la vague bleu-marine.
Deuxième inconnue : est-ce que les électeurs, de plus en plus indépendants des partis politiques, vont suivre les consignes de vote des états-majors parisiens, comme c’était le cas autrefois ? On peut en douter à la lecture des réactions des internautes (électeurs) publiées sur les réseaux sociaux qui sont devenus le baromètre de la météo politique.
Macron à l’Élysée ?
En attendant le vote du 7 juillet, la campagne électorale donne une image assez peu ragoutante de la politique. À commencer par le président de la République, hier si volubile, est devenu subitement muet. Retiré dans son bunker élyséen depuis dimanche soir après avoir appelé ses troupes (ou ce qu’il en reste) à « un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour. »
C’est ainsi que de Mélenchon (qui se voit déjà Premier ministre) aux Républicains, canal historique, on rêve d’une grande coalition « républicaine » susceptible de déboucher sur un gouvernement ! Oui, un gouvernement. Où les Mélenchonistes deviendraient ministres, amis et alliés de Gérald Darmanin, d’Éric Dupond-Moretti et autres Gabriel Attal dont ils ont dit pis que pendre !
« Un coup d’Etat administratif » ?
Quant à Marine Le Pen, elle soupçonne le Chef de l’État de préparer ce qu’elle appelle « un coup d’Etat administratif ». Évoquant ce 2 juillet sur France-Internet « des rumeurs », elle estime qu’Emmanuel Macron « fait tout pour enrayer le processus démocratique. « Le président de la République envisagerait demain, c’est-à-dire à quatre jours du second tour, de nommer le directeur général de la police nationale, alors qu’il devait rester jusqu’à la fin des JO et le directeur de la gendarmerie nationale et des dizaines de préfets, et toute une série de gens dont l’objectif serait de bloquer, d’empêcher en réalité Jordan Bardella de gouverner le pays » affirme-t-elle. Et ajoute : « Quand vous voulez contrer le résultat des élections en nommant des gens à vous pour qu’ils vous empêchent à l’intérieur de l’État de pouvoir mener la politique que les Français veulent, moi j’appelle ça un coup d’État administratif. J’espère que ceci relève uniquement de la rumeur ».
La cohabitation, si cohabitation avec le RN il y a, promet d’être joyeuse..
Marcel Gay