Le camp présidentiel compte sur la dislocation du Nouveau Front populaire pour reprendre l’initiative à l’Assemblée en s’associant aux députés de la gauche ‘’raisonnable’’.
La coalition des partis de gauche est arrivée en tête du second tour des élections législatives dimanche puisque le NFP remporte 182 sièges. Mais elle ne dispose pas de la majorité absolue (289 sièges). Les macronistes, en deuxième position, raflent 168 sièges de députés et le Rassemblement National et la droite de Ciotti 143 députés. Face à cet éclatement des forces en présence, Emmanuel Macron compte sur les divisions au sein du NFP pour former un accord de gouvernement.
Le RN premier parti de France
Mais le calcul est-il judicieux et, surtout, tenable dans la durée ? Pour répondre, il faut raisonner non pas en termes de sièges mais de voix obtenues par les différents groupes. Le Nouveau Front Populaire (LFI + PCF + PS + Écologistes) sort gagnant de ces élections, après avoir recueilli plus de 7 millions de voix (7.005.381), soit 25,68% des suffrages. Il s’approprie 182 sièges.
Les partis maronistes regroupées sous la bannière Ensemble pour la République, obtiennent avec 6,314 millions de voix, soit 23,15% des suffrages. Ils obtiennent 150 députés.
Quant au Rassemblement national, il engrange 8,745 millions de voix au second tour, soit 32,05% des votes. C’est donc le premier parti de France. Pourtant, il n’obtient que 126 sièges à l’Assemblée. A quoi il faut ajouter 1,364 million de voix aux LR d’Eric Ciotti, soit 17 députés supplémentaires.
Le NFP : un ensemble hétéroclite
La coalition des partis de gauche a surpris en arrivant en tête des résultats. Certains anticipent déjà sa future dislocation, espérant ainsi former une coalition de gouvernement avec « les modérés ». En effet, le NFP est un ensemble hétéroclite dans lequel La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon est le premier parti, avec 75 députés, suivi par le Parti Socialiste, 65 élus, EELV avec 33 élus et le PCF, 9 élus. Mais il n’y a rien de commun entre ces quatre composantes d’une même coalition.
D’où l’idée de provoquer un rapide éclatement du groupe afin d’isoler La France Insoumise, trop clivante, pour former une nouvelle entente entre Macronistes (Renaissance, MoDem, Horizons) et gauche modérée. Un cartel entre gens de bonne compagnie capable de former un gouvernement pour la France.
Emmanuel Macron pourrait ainsi reprendre la main et la garder jusqu’en 2027, date de la prochaine présidentielle. Il apparaîtrait alors comme un grand stratège politique.
Politique fiction ? On le saura bien vite.
Emilien Lacombe