Considérant que « personne ne l’a emporté » le 7 juillet dernier, le président de la République demande « aux forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines (…) de bâtir une majorité nécessairement plurielle pour le pays ».
Dans une lettre adressée aux Français et publiée par les journaux régionaux, le chef de l’État tire les conséquences du résultat des législatives. Il se félicite de la forte mobilisation des électeurs. Il reconnaît le « besoin d’expression démocratique » et fait le constat que « la nature de ces élections, marquées par une demande claire de changement et de partage du pouvoir, oblige [les forces républicaines] à bâtir un large rassemblement. » Car, pour lui, « personne ne l’a emporté » le 7 juillet.
Les idées avant les postes
Le chef de l’État « demande à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines (…) d’engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays. Les idées et les programmes avant les postes et les personnalités ».
Il ajoute : « C’est à la lumière de ces principes que je déciderai de la nomination du Premier ministre. Cela suppose de laisser un peu de temps aux forces politiques pour bâtir ces compromis avec sérénité et respect de chacun. » Emmanuel Macron conclut : « Dimanche dernier, vous avez appelé à l’invention d’une nouvelle culture politique française. Pour vous, j’y veillerai. En votre nom, j’en serai le garant. »
Embrouillamini dans tous les partis
Cet appel du président de la République « aux forces républicaines » provoque déjà quelques remous aussi bien à droite qu’à gauche. Gérald Darmanin déclare tout de go qu’il ne « peut pas accepter » un gouvernement avec les écologistes, Sandrine Rousseau et Marine Tondelier. Olivier Faure, le patron du parti socialiste, est signataire du communiqué de presse demandant au président de la République de se tourner vers le Nouveau Front Populaire pour former le nouveau gouvernement. Lui-même étant candidat au poste de Premier ministre.
Laurent Wauquiez, le nouveau président des Républicains, a pris une position tranchée : « Nous ne participerons pas à des coalitions gouvernementales » dit-il.
Enfin, du côté des Insoumis, Clémence Guetté, responsable du programme de la France Insoumise, estime que le Président « n’est pas à la hauteur de l’Histoire ». Elle précise dans un post sur X « Plus seul que jamais, Emmanuel Macron brutalise. Il avait jeté la France dans les bras de l’extrême droite, nous l’avons évité. Maintenant, le Nouveau Front populaire doit gouverner. Le président doit accepter la démocratie. »
Bref, c’est la confusion totale, dans es institutions comme dans les partis politiques.
Jusqu’à quand?
Emilien Lacombe
Chères Françaises, chers Français,
"Les 30 juin et 7 juillet derniers, vous vous êtes rendus aux urnes en nombre pour choisir vos députés. Je salue cette mobilisation, signe de la vitalité de notre République dont nous pouvons, me semble-t-il, tirer quelques conclusions.
D’abord, il existe dans le pays un besoin d’expression démocratique. Ensuite, si l’extrême-droite est arrivée en tête au premier tour avec près de 11 millions de voix, vous avez clairement refusé qu’elle accède au Gouvernement. Enfin, personne ne l’a emporté. Aucune force politique n’obtient seule une majorité suffisante et les blocs ou coalitions qui ressortent de ces élections sont tous minoritaires. Divisées au premier tour, unies par les désistements réciproques au second, élues grâce aux voix des électeurs de leurs anciens adversaires, seules les forces républicaines représentent une majorité absolue. La nature de ces élections, marquées par une demande claire de changement et de partage du pouvoir, les oblige à bâtir un large rassemblement.
Président de la République, je suis à la fois protecteur de l’intérêt supérieur de la Nation et garant des institutions et du respect de votre choix.
C’est à ce titre que je demande à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’État de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française, d’engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays. Les idées et les programmes avant les postes et les personnalités : ce rassemblement devra se construire autour de quelques grands principes pour le pays, de valeurs républicaines claires et partagées, d’un projet pragmatique et lisible et prendre en compte les préoccupations que vous avez exprimées au moment des élections. Elle devra garantir la plus grande stabilité institutionnelle possible. Elle rassemblera des femmes et des hommes qui, dans la tradition de la Vème République, placent leur pays au-dessus de leur parti, la Nation au-dessus de leur ambition. Ce que les Français ont choisi par les urnes – le front républicain, les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes.
C’est à la lumière de ces principes que je déciderai de la nomination du Premier ministre. Cela suppose de laisser un peu de temps aux forces politiques pour bâtir ces compromis avec sérénité et respect de chacun. D’ici là, le Gouvernement actuel continuera d’exercer ses responsabilités puis sera en charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine.
Plaçons notre espérance dans la capacité de nos responsables politiques à faire preuve de sens de la concorde et de l’apaisement dans votre intérêt et dans celui du pays. Notre pays doit pouvoir faire vivre, comme le font tant de nos voisins européens, cet esprit de dépassement que j’ai toujours appelé de mes vœux.
Votre vote impose à tous d’être à la hauteur du moment. De travailler ensemble.
Dimanche dernier, vous avez appelé à l’invention d’une nouvelle culture politique française. Pour vous, j’y veillerai. En votre nom, j’en serai le garant.
En confiance. Emmanuel MACRON