L’arrestation en France et la mise en examen assortie d’un contrôle judiciaire strict de Pavel Durov, patron de la messagerie cryptée Telegram, provoque un tollé mondial. Macron dégage en touche.
L’image de la France une nouvelle fois écornée ! La Patrie des Droits de l’Homme, le pays de la Liberté, le phare de la liberté d’expression (depuis 1881), de la liberté des correspondances, consacrée par l’article 8 de la Convention européenne des Droits de l’Homme, la France de Macron est subitement reléguée au rang des Républiques bananières avec l’affaire Durov.
Pavel Durov, 39 ans, de nationalité franco-russe, mais domicilié à Dubaï, PDG de la messagerie cryptée Telegram a été arrêté samedi dernier à l’aéroport du Bourget, placé en garde à vue durant 96 heures, mis en examen pour douze chefs de prévention (voir ci-dessous le communiqué du parquet de Paris) et placé sous contrôle judiciaire strict avec obligation de pointer deux fois par semaine dans un commissariat de police. Bien que n’ayant pas de domicile en France, il lui est interdit de quitter le territoire français.
Les algorithmes de cryptage
Que lui reproche-t-on ? Officiellement, d’être administrateur d’une plateforme en ligne qui permet des transactions illicites en bande organisée, donc d’être complice des crimes et délits commis via Telegram. Officieusement, de refuser de communiquer les clés de cryptage des échanges sur Telegram qui empêchent les services de renseignement, et notamment la CIA, de suivre les partisans de la Russie dans le conflit avec l’Ukraine, les soutiens de Gaza dans la guerre israélo-palestinienne et autres opposants à la politique américaine… Et comme Durov refuse aux autorités françaises ou américaines de livrer le secret de ses algorithmes de cryptage, comme il a refusé de les donner à Poutine, il subit la persécution de la « justice » de ces pays.
Du terrorisme judiciaire
A l’évidence, le PDG de Telegram ne peut être complice des crimes et délits qui pourraient être commis sur sa plateforme, comme le souligne son avocat, Me David-Olivier Kaminski, pour qui ces poursuites sont « absurdes ».
En revanche, l’affaire Durov témoigne d’une forme de terrorisme judiciaire exercé à l’endroit de quiconque s’oppose à la prise de contrôle planétaire de l’information qui circule sur le web. Soit en censurant directement les messages, soit en intimidant les patrons des géants de la tech. Tous se sont couchés, sauf Elon Musk et Pavel Durov, pour les plus grands.
Le jeu trouble de la France
Dans cette triste affaire, Emmanuel Macron joue un jeu un peu trouble. Certes, le président de la République assume totalement le fait d’avoir octroyé la nationalité française à Pavel Durov en 2018 au titre de « l’étranger émérite ». Certes, il a rencontré plusieurs fois Durov dont il souhaitait que Telegram installe son siège social en France. Mais Durov a préféré Dubaï et ses largesses financières. Mais pour le reste, il ne sait rien de la venue de Durov à Paris.
Etrange. Car, le patron de Telegram a affirmé aux policiers qui sont venus le cueillir au Bourget qu’il devait dîner avec le Président. Il a dit aussi que des agents de la DGSE sont allés le voir à Dubaï. Le patron de Telegram aurait-il des informations secrètes, très, très dérangeantes sur tel ou tel homme ou femme en vue?
Comment imaginer que Macron ne soit pas au courant ? Voilà l’un des individus les plus surveillés au monde par tous les services de renseignement de la planète, dont chaque déplacement est suivi au millimètre, dont le jet privé donne son plan de vol aux autorités, dont tout le monde savait qu’il se posait à Paris de samedi 24 août. Et notre président ne le savait pas !
Les autorités judiciaires françaises n’auraient pas informé le ministre démissionnaire de la Justice de l’interpellation de Durov ? Et Dupont-Moretti n’aurait pas informé l’Élysée ? Et la DGSI, nos services intérieurs, ne savaient rien de la venue de Durov et de son arrestation ?
Impossible! Le président français dégage en touche. Mais il aura du mal à sortir indemne de cette affaire qui, décidément, ne présage rien de bon. Ni pour lui, ni pour l’image de la France.
Marcel Gay