Macron ou la tyrannie de l’extrême centre

Des résultats qui sont la preuve d’un désaveu personnel et du refus de sa ligne politique?

Le Président Macron chah tyran de France, par Gilbert Wendorfer - Tribune  Juive

Qu’en est-il des résultats électoraux des partisans de Macron ? Tout le monde oublie trop vite.

Aux européennes de 2019, il obtient 5.079.015 suffrages, soit 10,73 % des inscrits et 22,42 % des exprimés pour 23 sièges au Parlement européen. En 2024, il perd environ 1,5 million de suffrages et obtient 3.614.646 voix, soit 7,31 % des inscrits du fait de la forte mobilisation et 14,6 % des exprimés, soit une perte de 8 points avec 13 élus. L’effondrement est manifeste en voix et en pourcentages.

Aux législatives. En 2022, dans la foulée de la présidentielle, il obtient 8.002.407 suffrages, soit 16,47 % des inscrits et 38,57 % des exprimés pour 244 députés, sans majorité absolue. Rappelons qu’en 2017, il obtenait 7.826.245 voix, soit 16,55 % des inscrits et 43,06 % des exprimés pour 306 députés. Aujourd’hui, en 2024, il obtient 6.313.808 voix, 14,57 % des inscrits et 23,14 % des exprimés pour 148 députés, en s’appuyant sur les voix de la gauche et de l’extrême gauche au passage. Notons qu’au premier tour,  il totalise 6.425.707 voix, soit 13,03 % des inscrits et 20,04 % des exprimés pour seulement 2 députés élus à ce premier tour quand le RN dispose de 37 élus et l’Union des gauches 32. Sa légitimité démocratique est passée de 7,8 millions de voix à 8 millions de voix et aujourd’hui à peine 6 millions : baisse de 2 millions ! Et en pourcentage, il passe de 43 % à 38,5 % pour terminer à 23 % soit un autre effondrement de 20 % !

La tyrannie de l’extrême centre par la disqualification des alternatives politiques

Bayrou, des députés de ses équipes, Attal adoptent une position originale mais fondamentalement antidémocratique qui consiste à se faire les censeurs de la bonne politique, la seule qu’il conviendrait d’appliquer, et c’est évidemment la leur. Cette attitude démontre que le centre est le pire extrémisme politique, puisqu’il refuse l’idée que la France puisse faire d’autres choix que de suivre leur position. Et cette tyrannie est d’autant plus étonnante qu’elle ne bénéficie pas de l’appui du peuple souverain, et encore moins de résultats efficaces. La dette… l’éducation… la santé… la vitalité économique… la sécurité des biens et des personnes… ; bref aucun indicateur ne prouve une quelconque efficacité de leur politique.

Le déni permanent du peuple et du réel comme idéologie de l’entre-soi

À l’évidence, cette petite secte de l’extrême centre autour de personnalités comme Bayrou dénie au peuple le droit d’être en désaccord avec leurs options politiques. Ils sont le cercle de la raison et ils ont raison contre le peuple idiot et indocile. Et plus encore, le réel n’est pas ce que nous voyons ou ce que des institutions internationales mesurent en termes de criminalité, d’immigration, d’éducation, de santé, etc. Là encore, toutes les évaluations sont faussées, et aucun autre choix que le leur n’était possible. On se souvient des choix sectaires et dispendieux de la gestion du Covid par exemple ; là où d’autres pays ont fait d’autres choix. Poser une question, c’est être idiot, complotiste, les deux et ils avaient raison.

La question de la destitution et plus largement du rapport au réel et à la souveraineté populaire

Avec un bilan désastreux sur tous les plans… on pourrait aussi parler du cataclysme diplomatique et des échecs personnels de Macron en Afrique, au Liban, en Arménie, etc. On pourrait parler du miroir aux alouettes des milliards engloutis dans les nouvelles technologies en pure perte, etc. La question de sa destitution est évidemment à poser, comme le fit courageusement Fl. Philippot, aujourd’hui repris habilement par LFI et le NFP. Mais au-delà de la question personnelle d’un homme qui insulte maintenant le vote souverain de manière très manifeste, c’est la question de cette secte de l’extrême centre qu’il faut traiter. Est-il acceptable dans une société démocratique que le désaccord politique soit ostracisé par un jugement de censeur, censurant les oppositions au nom de leur supériorité intellectuelle ? Ce mouvement politique est bien le plus dangereux car il sape le fondement de la démocratie, soit le libre exposé des alternatives et options de gestion du pays d’une manière ou d’une autre. Les électeurs doivent tous faire pression sur les médias, s’organiser, diffuser, mais veiller à l’exactitude des informations car le souverain ne peut pas prendre de bonne décision si on lui cache les réalités, si on lui falsifie ou bidonne les données les plus importantes. 

La démocratie réelle est une urgence absolue qu’il faut promouvoir

C’est bien pourquoi la culture de la votation référendaire et l’obligation faite aux partis politiques de participer à une information loyale du souverain sont des urgences politiques si nous voulons tous ensemble faire des choix adaptés. La position de Macron est toxique et indéfendable. Les partis de droite doivent être conscients de ce qui est en jeu car la lassitude politique est grande et la répulsion violente ; une tentation sur laquelle vont bientôt surfer les partis de gauche. 

Pierre-Antoine Pontoizeau 

 

Date de dernière mise à jour : 28/08/2024

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