Surnommée la « femme la plus puissante de France », Marie-France Garaud était une figure de la droite et a contribué à l’émergence de Jacques Chirac.
Elle fut la conseillère de Georges Pompidou et Jacques Chirac. Marie-France Garaud est morte mercredi 22 mai à l’âge de 90 ans, à son domicile de Saint-Pompain (Deux-Sèvres).
Lors de la présidentielle 2017, cette gaulliste historique, farouche opposante à l’Europe de Maastricht, avait apporté son soutien à Marine Le Pen - qui lui a rendu hommage ce jeudi 23 mai sur X (voir ci-dessous) - avant le second tour. Une sortie remarquée pour une femme implacable, longtemps restée méconnue du grand public, malgré sa longue carrière dans les allées du pouvoir.
Conseillère technique de Georges Pompidou, à Matignon puis à l’Élysée (1967-1974), elle est alors, comme l’écrit le magazine Newsweek « la femme la plus puissante de France ». Avec Pierre Juillet, gaulliste sourcilleux, elle forme un tandem admiré et craint, qui fait et défait les carrières.
Marie-France Garaud vit la mort de Georges Pompidou, en 1974, comme un drame. Hostile à Jacques Chaban-Delmas, jugé trop réformiste, elle contribue à sa défaite en se rapprochant de Jacques Chirac, qui devient Premier ministre du nouveau président Valéry Giscard d’Estaing.
Deux ans plus tard, elle le pousse à démissionner avec éclat puis à fonder le RPR. Marie-France Garaud inspire le fameux « appel de Cochin » du 6 décembre 1978, lancé par Jacques Chirac de son lit d’hôpital, violent réquisitoire anti-giscardien et anti-européen.
En 1979, Jacques Chirac se sépare d’elle. Son épouse, Bernadette, ne supportant plus son emprise sur son mari, disait : « elle utilise les gens puis les jette. Moi, elle me prenait pour une parfaite imbécile ». Mais Marie-France Garaud accuse l’ancien Premier ministre d’abandonner la défense de la souveraineté nationale et de manquer de vigueur pour définir « une ligne fixe ». « Juillet et moi, avions taillé un habit trop grand pour lui », dira-t-elle, toujours cinglante.
En 1982, alors qu’elle ménage François Mitterrand, elle crée et dirige l’Institut international de géopolitique.
Élue eurodéputée en 1999
Obsédée par le danger soviétique, opposée à la cohabitation, Marie-France Garaud perd alors son influence à droite. La campagne contre le traité de Maastricht en 1992 lui permet de se refaire une santé politique auprès de Charles Pasqua, Philippe Séguin et Philippe de Villiers. Elle soutient ce dernier à la présidentielle de 1995. Engagée avec Charles Pasqua contre le traité d’Amsterdam, elle est élue députée européenne en 1999 (jusqu’en 2004).
Conseiller maître honoraire à la Cour des comptes, Marie-France Garaud avait épousé l’avocat Louis Garaud, décédé en 2001, avec qui elle avait eu deux fils.
En juin 2020, elle avait été portée disparue avoir quitté son domicile poitevin à bord de son véhicule 4x4. Après une nuit et une matinée de recherches par plus d’une trentaine de gendarmes, elle avait été retrouvée marchant à une quarantaine de kilomètres, son entourage évoquant alors des « problèmes d’orientation » de l’octogénaire.
« C’était quelqu’un, elle ne pouvait pas laisser indifférent. Elle exerçait une forme de fascination par son autorité et ce halo d’éminence grise. Elle avait ce que beaucoup de responsables politiques n’ont plus, un caractère bien trempé, pas toujours commode, et une colonne vertébrale », a rendu hommage auprès de l’AFP Henri Guaino, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Élysée.
« Ils étaient deux avec Pierre Juillet. Ils ont bien cornaqué Jacques Chirac au début, mais ça ne pouvait pas durer. Pour eux, varier représentait une forme de faiblesse, quand Jacques Chirac était dans la plasticité. La rupture a eu lieu après l’appel de Cochin, et l’expression “parti de l’étranger”, qui a pu choquer, même des gens comme moi », a-t-il poursuivi.
La Rédaction avec AFP