
Nous sommes toujours stupéfaits devant cette ignominie du Mur des cons. Un mur, rappelons-le, épinglé dans les locaux du syndicat de la magistrature, sur lequel figuraient en bonne place des familles de victimes de graves crimes pénaux. Par exemple M. Escarfail, dont la fille avait été victime du violeur et tueur en série Guy Georges.
Ou le général Schmitt, dont la fille a été assassinée à l’âge de 23 ans en 2007 de 32 coups de couteaux par un criminel récidiviste qui aurait dû se trouver en prison à l’heure du crime. Mais voilà : il avait été libéré avant le fin de sa peine. Et dans le RER il avait voulu violer Anne-Lorraine, qui ne s’était pas laissée faire. Mais en se défendant, elle avait été criblée de coups de couteau. Le général Schmitt avait osé à cette occasion critiquer la justice, ce qui lui avait valu de se trouver épingler au Mur des cons.
Clément Weill-Raynal, journaliste, avait eu le nez fin : admis dans les bureaux du syndicat de la magistrature, il avait filmé ce mur des cons. Mais la magistrature s’est bien défendue : six années se sont passées entre cette découverte et le procès !… Un record.
Accusée, Françoise Martres, présidente du syndicat de la magistrature, et jugée pour ne pas avoir fait enlever ce tableau à sa nomination comme présidente. Elle aurait dû siffler la fin de la récré. Au lieu de réagir, elle a laissé faire. Elle a été condamnée pour cela à 500 euros d’amende avec sursis.
Pas de souci pour madame Martres, le sursis ne devrait pas tomber. Elle se retrouve donc presque blanche. C’est le fond du problème qui a échappé à la 17e chambre correctionnelle : la justice a-t-elle le droit de se moquer des justiciables ?
La vraie question est celle de savoir si les magistrats ont la possibilité d’épingler les justiciables en se gaussant, en fonction de leurs idées politiques réelles ou supposées, si cela ne porte pas atteinte au respect qu’ils doivent avoir pour eux, et s’ils sont capables ensuite de les juger avec objectivité.
Madame Martre a été également condamnée à verser 15 000 euros de dommages et intérêts au général Schmitt. C’est trop peu. C’est une gifle. Quinze autres parties civiles ont été déboutées. Le parquet avait demandé l’acquittement. Une autre gifle.
D’ailleurs le général Schmitt, épinglé sur le mur en tant que « con fasciste », ne s’y est pas trompé, il s’est adressé ainsi à la Cour :
« C’est la mémoire de ma fille qu’on insulte, cela traduit le mépris et le sectarisme de cette organisation à l’égard des familles de victimes. Sur le Mur des cons, il n’y a pas de photos de criminels, de violeurs, de pervers, mais des élus de la Nation, des journalistes et des pères de victimes. » Il avait conclu sa déclaration ainsi : « le con fasciste a terminé. »
Madame Schmitt a eu le mot qui résumait tout : « j’ai eu l’impression qu’on crachait sur la tombe de ma fille. »
C’est toute la justice qui doit se réformer. On ne peut pas accepter des juges qui méprisent les justiciables. Ce jugement insignifiant est insupportable.
Les juges feraient bien de se demander si par ces actions ils peuvent être respectés par ceux qu’ils ont mission de juger. La réponse est non.
L’inconscience, le mépris, le sectarisme, l’idéologie au service des idéologues, les esprits bornés et fiers de l’être, c’est cela le vrai fascisme.
Sophie Durand