Nomination du Premier ministre : "Candidate à rien", la présidente de la Région Occitanie Carole Delga s’est entretenue avec Emmanuel Macron

Les tensions ressurgissent au Parti socialiste, qui lance ce jeudi 29 août ses journées d’été à Blois en se déchirant sur la stratégie à mener vis-à-vis d’Emmanuel Macron, depuis que celui-ci ait exclu un gouvernement du Nouveau Front populaire mené par Lucie Castets.

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Après avoir participé aux rentrées des Écologistes, des communistes et des Insoumis, la candidate de l’alliance de gauche pour Matignon, Lucie Castets terminera sa tournée chez les socialistes le vendredi 30 août.

Manière de démontrer qu’elle est "toujours soutenue par les quatre forces du NFP", comme elle l’a affirmé jeudi sur BFMTV et RMC, annonçant quitter ses fonctions de directrice des finances à la mairie de Paris afin de "mettre toutes (ses) forces pour préserver l’union de la gauche".

Mais sa présence à Blois n’empêchera pas les divergences au sein du PS de se faire jour, après une petite période d’apaisement et d’unité au moment des européennes, autour de Raphaël Glucksmann.

Les opposants internes au premier secrétaire Olivier Faure lui reprochent en particulier son refus de retourner à l’Élysée pour discuter de la nomination d’un Premier ministre autre que Mme Castets. "Je suis toujours prêt à négocier, mais aujourd’hui le chef de l’État ne négocie pas", a-t-il justifié sur RTL.

C’est une position qui n’a pas été validée par le parti", a répliqué Carole Delga, qui s’est elle entretenue avec M. Macron jeudi matin en tant que présidente de Régions de France, en tandem avec Renaud Muselier. Interrogée lors d’un micro tendu à l’issue de cette rencontre, Carole Delga a évoqué une "écoute respectueuse et constructive". La socialiste appelle à former une "équipe de France politique" et dit vouloir "réinventer la démocratie participative". "Candidate à rien", elle a néanmoins jugé "nécessaire que la gauche soit dans une démarche exigeante mais constructive".

"Sociaux-traitres"

Une pierre de plus dans le jardin d’Olivier Faure, déjà ciblé par la maire de Vaulx-en-Velin (Rhône) Hélène Geoffroy et le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, qui réclament aussi que le PS continue de participer aux discussions et ne censure pas a priori un gouvernement qui serait mené par une personnalité de gauche hors NFP.

Hypothèse qui prend de l’épaisseur, à mesure que revient dans la presse le nom de l’ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve, qui avait quitté le PS il y a deux ans après l’accord sur l’alliance de gauche Nupes, où La France insoumise s’était taillée la part du lion. Mais pour la direction, comme pour les députés PS, la ligne est claire : censure de tout gouvernement qui serait une prolongation de la politique macroniste, quel que soit le Premier ministre.

"On n’a pas fait tous ces efforts pour revenir au cœur de la gauche, et finir par redevenir des sociaux-traîtres", explique un député socialiste. "C’est une tempête dans un verre d’eau déclenchée par des gens qui inventent un monde parallèle où un Premier ministre de gauche avec des mesures de gauche serait soutenu par Macron", balaie l’eurodéputé Christophe Clergeau.

La fronde révèle pourtant des désaccords profonds au sein du parti, que n’a pas soldé l’explosif congrès de Marseille en 2023, où le PS s’était déchiré sur la Nupes, défendue par un Olivier Faure qui l’avait emporté d’une très courte tête (51 %).

"Travail en entonnoir"

"On rejoue toujours la même séquence", se désole le député Laurent Baumel, soulignant que les opposants à Olivier Faure "ont pourtant voté pour la création du Nouveau Front populaire", avec LFI.

Des Insoumis qui observent avec attention les divisions du parti à la rose. Mais "on n’est pas inquiet", assure un membre de la direction du mouvement mélenchoniste, pour qui "ce n’est pas nouveau qu’une partie du PS rêve d’un sous-secrétariat d’État de M. Macron".

Du côté de l’Élysée, on y voit plutôt la confirmation que le NFP est "idéologiquement fracturé" et que ses membres "ne sont d’accord sur rien", selon un proche du président qui continue donc son "travail en entonnoir" pour trouver le bon profil pour Matignon. Le chef de l’État avait ainsi rendez-vous avec le président de l’Association des maires de France David Lisnard jeudi matin, puis en début d’après-midi avec celui de Département de France François Sauvadet. Avant de s’envoler pour une visite d’État en Serbie, jusqu’à vendredi.

Ce qui reporterait la décision "plutôt en fin de semaine", selon l’entourage de M. Macron, alors que le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal expédie les affaires courantes depuis déjà 44 jours.

La Rédaction avec AFP

Date de dernière mise à jour : 31/08/2024

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