
La conférence pour le Liban, initiée par le président Emmanuel Macron, a permis de récolter un milliard de dollars pour les Libanais et son armée, à défaut d’avancées sur le volet diplomatique. Les États-Unis sont parmi les plus gros contributeurs avec une enveloppe de 300 millions de dollars, devant la France (108 millions) et l’Allemagne (103).
« Nous avons répondu à l’appel lancé par les Nations unies en annonçant des contributions substantielles, 800 millions de dollars auxquels s’ajoutent d’importantes contributions en nature », a déclaré le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.
Quelque 200 millions seront, eux, destinés à l’armée libanaise. Sans compter les aides en nature. Le soutien (financier, en équipements ou via des formations) aux Forces armées libanaises était un des éléments-clés de la conférence de Paris alors que le Premier ministre libanais souhaite les déployer plus largement au sud du fleuve Litani, zone visée par les frappes israéliennes pour déloger les milices du Hezbollah.
Un milliard de dollars, c’est le double de l’objectif initial de la France et bien plus que les 400 millions réclamés par les Nations unies début octobre pour les personnes déplacées. Alors que dans notre pays, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté explose, et que le gouvernement s’apprête à ponctionner l’ensemble des Français, ce don de 108 millions de dollars représente un effort important. Le président-flambeur mesure-t-il l’état de détresse dans lequel vivent de nombreux Français ? Rappelons que la France a accordé pour plus de 40 milliards d’euros à l’Ukraine…
Les affrontements au Liban ont contraint plus de 800.000 personnes à se déplacer, selon les Nations unies. En Israël, 60.000 personnes ont également dû quitter leur foyer depuis un an du fait de frappes du Hezbollah. Plus de 1.500 personnes ont été tuées lors des bombardements israéliens, selon les données officielles des services libanais.
Si le président Emmanuel Macron a exhorté à faire cesser « au plus vite » les hostilités au Liban, l’absence à cette conférence des deux principaux protagonistes, Israël et l’Iran, soutien du mouvement islamiste Hezbollah, avait hypothéqué d’emblée toute avancée significative au niveau diplomatique.
Jean-Noël Barrot a néanmoins souligné que les participants à la conférence, venant de 70 pays, s’étaient « accordés sur l’urgence d’une solution diplomatique, permettant d’assurer une sécurité durable de la population en Israël comme au Liban ».
Cette solution passe par « la pleine mise en œuvre de la résolution 1701, avec un arrêt des hostilités de part et d’autre de la frontière« , a précisé le ministre.
Cette résolution des Nations unies, qui avait acté la fin de la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, stipule que seuls les Casques bleus et l’armée libanaise doivent être déployés dans le sud du Liban frontalier d’Israël.
L’idée est désormais de déployer « massivement » les forces armées libanaises dans le sud du pays, « de renforcer la capacité de la Finul (la Force intérimaire des Nations unies déployée dans le sud du Liban) et de mettre en œuvre son mandat », a souligné Jean-Noël Barrot.
La communauté internationale doit « soutenir les efforts pour mettre fin aux agressions en cours et mettre en œuvre un cessez-le-feu immédiat », a déclaré de son côté le Premier ministre libanais Najib Mikati, remerciant les pays pour leur aide.
« Nous exigeons que le Hezbollah cesse ses frappes indiscriminées » contre Israël, a asséné le président français, ajoutant :
« Israël sait d’expérience que ses succès militaires ne sont pas forcément une victoire au Liban ». « On parle beaucoup de guerre de civilisation. Je ne suis pas sûr qu’on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie », en référence au discours de Benjamin Netanyahu, qui affirme défendre la civilisation judéo-chrétienne dans le combat israélien à Gaza ou au Liban. Des propos qui devraient être largement commentés par l’ensemble de la classe politique. « Honte ! » avait répondu Netanyahu après la déclaration de Macron sur la création de l’État d’Israël. La réaction de Jérusalem pourrait sans doute aller jusqu’au rappel de son ambassadeur à Paris.
Henri Dubost