Ceux qui sanglotent sur les cadavres des otages suppliciés par le Hamas ou, au contraire, sur ceux des enfants de Gaza écrasés sous les bombes israéliennes n’auraient-ils plus de larmes à leur disposition ? Leur capacité d’empathie serait-elle épuisée ? En tout cas, c’est dans une indifférence générale que le 8 novembre, à Stepanakert, capitale du Haut-Karabakh conquise par ses troupes qu’appuyaient des soldats turcs et des vétérans de Daesh, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a organisé un gigantesque « défilé de la victoire » pour fêter le nettoyage ethnique des Arméniens qui vivaient depuis des millénaires dans cette régions. 100 000 d’entre eux ont dû fuir en toute hâte devant la soldatesque azérie et sous les bombardements incessants et il en subsisterait sur place quelque 20 000, dont on est sans nouvelles.
La trahison de l’Unesco… et de l’Occident
Comble du strabisme et de l’hypocrisie : à l’issue de cette guerre éclair dans laquelle la majeure partie du patrimoine architectural et religieux a été détruit, c’est au candidat de Bakou que, le même 8 novembre, été attribuée la vice-présidence de la Conférence générale de l’Unesco. Organisme onusien théoriquement chargé de la protection des sciences et surtout de la culture mondiales… et dont la patronne est depuis 2017 la Française Audrey Azoulay, ministre de la Culture sous François Hollande. On ne sache pas que Mme Azoulay, ni d’ailleurs Emmanuel Macron, la mairesse Anne Hidalgo ou Valérie Pécresse présidente de la région Ile-de-France, aient protesté contre cette monstrueuse incongruité alors même que Paris abrite le siège (un énorme building d’une rare laideur) de l’Unesco. Trop occupés ailleurs, sans doute.
Il est vrai que les Arméniens chassés de leurs foyers ne sont que des chrétiens… Aucune raison, donc, de condamner la voracité de l’Azerbaïdjan qui, toujours pas repu, exige maintenant de l’Arménie elle-même la restitution de huit villages frontaliers. Mais il ne faudra pas s’étonner ensuite si, voyant le « monde libre » très occupé ailleurs, la Chine en profite pour tenter de faire main basse sur Taïwan. Principal — et de loin – producteur de ces semi-conducteurs dont les entreprises occidentales ont encore plus besoin que des hydrocarbures azéris.
Claude Lorne