C’est un véritable pavé dans la mare qu’a lancé la chef de la police de Berlin, Barbara Slowik (photo). Dans un entretien au journal Berliner Zeitung publié lundi, la responsable a reconnu l’existence de zones de la capitale allemande où la sécurité de tous n’est plus garantie. « Nous devons être honnêtes, il y a des endroits où je conseille aux personnes qui portent une kippa ou qui sont ouvertement gay ou lesbiennes d'être prudentes », a-t-elle déclaré. Relancée sur l’identité précise de ces « endroits », la quinquagénaire n’y est pas allée par quatre chemins et a fait fi de l’habituel politiquement correct. Il s’agit de « quartiers dans lesquels vivent une majorité des personnes d’origine arabe qui ont également de la sympathie pour les groupes terroristes », a-t-elle répondu sans détours. Et de rappeler que depuis le 7 octobre 2023 et l’attaque terroriste du Hamas sur Israël, plus de 6.200 enquêtes pour antisémitisme avaient été ouvertes.
On se souvient, notamment, de l’attaque récente d’une synagogue de Berlin aux cocktails Molotov ou encore de l’agression, en février, dernier d’un étudiant juif, roué de coups par un étudiant pro-palestinien, qui avait suscité l’émoi dans la capitale allemande. Il y a deux semaines encore, après un match à Neukölln, dans un quartier à forte population arabe et turque, l’équipe de football junior du Maccabi Berlin avait été « traquée » par une bande de jeunes armés de bâtons et de couteaux qui criaient « Palestine libre » et « Putain de juifs ».
Une liberté de ton interdite en France
De notre côté du Rhin, pareille honnêteté est encore impossible. En 2015, la chaîne Fox News avait fait sensation en publiant la liste des « no-go zones » parisiennes, ces enclaves islamistes où la police n'ose plus s'aventurer. Toute la presse bien-pensante était alors tombée sur le média américain et sur son journaliste qui avait croulé sous les menaces de mort… Au mois de mars dernier, l’Arcom avait infligé une amende de 50.000 euros à CNews pour des propos établissant un lien entre antisémitisme et immigration arabo-musulmane.
Pourtant, la sécurité de certaines minorités n’est pas plus assurée en France qu’en Allemagne. Chez nous aussi, le pogrom du 7 octobre 2023 a été célébré dans certaines cités, tout comme l’avaient été le 11 septembre et les meurtres antisémites commis par Mohammed Merah, en 2012. Chez nous aussi, Juifs et homosexuels ont la vie dure dans certains quartiers. Le nombre d'actes homophobes a encore augmenté de 15 % au premier trimestre de l’année 2024 par rapport à la même période en 2023, tandis que les actes antisémites ont bondi de 1.000 % dans l’Hexagone depuis l’attaque du 7 octobre. « Quand on sera assez nombreux en France, on va tuer tous les juifs », a d’ailleurs averti un jeune homme d'origine algérienne, interpellé dans la nuit du 14 au 15 novembre, en marge du match France-Israël au Stade de France. On ne pourra pas dire qu’on n’a pas été prévenu.
Mais contrairement à nos voisins, l’analyse de cette violence est passible de poursuites. Politiques, médias et associations promettent de lutter contre « la haine », tout en refusant obstinément de désigner les textes religieux dont se revendiquent ouvertement antisémites et homophobes. Comment prétendre guérir une maladie quand on s’interdit d’en faire le diagnostic ?
Des paroles… et des actes ?
Si le discours de la chef de la police berlinoise a le mérite de l’honnêteté, il semble néanmoins entériner une certaine impuissance politique. Comme si la seule réponse face aux islamistes était l’évitement ou la fuite. Il semble acté que les Juifs et les homosexuels doivent désormais raser les murs dans les quartiers les plus islamisés de Berlin… et ensuite ? La police allemande invitera-t-elle les femmes à se voiler pour ne pas être agressées sexuellement ? Incitera-t-elle les athées à porter une djellaba afin de mieux se fondre dans le décor ? Expliquera-t-elle aux Allemands qu’il est préférable, pour leur propre sécurité, de quitter le pays de leurs ancêtres ?
Jean Kast