À quelques semaines des élections européennes, plusieurs partis de l’opposition ont saisi le gendarme de l’audiovisuel pour que son discours soit décompté dans le cadre de la campagne.
POLITIQUE - Un président ne devrait pas dire ça ? Au lendemain du discours fleuve d’Emmanuel Macron sur l’Europe à la Sorbonne, l’opposition est vent debout contre cette prise de parole jugée partisane, qui arrive à quelques semaines des élections. À droite comme à gauche, on compte sur l’Arcom, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, pour intervenir.
Certains avaient déjà pris les devants, comme La France insoumise qui a annoncé en amont saisir le gendarme de l’audiovisuel pour que son allocution soit « attribuée à la liste conduite par Mme Hayer », tête de liste du parti présidentiel aux européennes. Une volonté partagée par Olivier Faure, comme il l’a indiqué ce matin à l’antenne de Public Sénat, estimant que le président « est devenu directeur de campagne, pour ne pas dire candidat aux européennes. »
« Une opération de propagande électorale »
Sur la même longueur d’onde, Les Républicains se sont joints à la contestation peu de temps après la prise de parole d’Emmanuel Macron ce jeudi 25 avril. « C’était un grand discours de présentation du programme de Valérie Hayer », a notamment ironisé la tête de liste LR François-Xavier Bellamy, comme le rapporte l’AFP.
Le patron de LR Éric Ciotti a quant à lui écrit à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) et à l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) pour leur demander de prendre en compte ce discours comme un acte de campagne. « Elle constitue une opération de propagande électorale au soutien d’une liste », a-t-il écrit.
En marge d’un déplacement à Strasbourg, Emmanuel Macron a jugé que son discours n’a pas à être considéré comme du « temps de campagne », rapporte un journaliste de BFMTV, Léopold Audebert. « « Les temps de campagne, si je devais participer à certains d’entre eux, je n’ai pas encore décidé, mais je le ferai à ces moments-là, à part. Comme je l’avais fait il y a 5 ans » avant de préciser « après, les règles sont définies par d’autres, et c’est très bien. Et en indépendance, » aurait déclaré le chef de l’État d’après le journaliste.
Mais selon Politico, l’Arcom ne serait pas sourd aux demandes des oppositions. Selon leurs informations, l’autorité de régulation considère qu’une « grosse partie de l’allocution présidentielle » est effectivement à mettre sur le temps de campagne de la candidate Renaissance.
Des interventions qui ne font pas exception à la règle
Contactée par Le HuffPost, l’autorité publique ne confirme pas avoir pris une décision en ce sens mais rappelle cette recommandation datée de 2011 émise par le CSA, ancêtre de l’Arcom : « Les interventions éventuelles du Président de la République qui, en raison de leur contenu et de leur contexte, relèvent du débat politique lié aux élections, notamment celles qui comportent l’expression d’un soutien envers un candidat ou une liste de candidats, un parti ou groupement politique, font l’objet d’un relevé distinct, peut-on lire. Les éditeurs en tiennent compte en veillant à ce que les autres candidats, listes, partis ou groupements politiques bénéficient, en contrepartie, d’un accès équitable à l’antenne. »
Depuis le 15 avril, et comme avant chaque élection, les télés et radios sont tenues de respecter un principe d’équité dans le traitement des forces politiques avant le scrutin du 9 juin, comme l’avait rappelé l’Arcom à la presse le 7 mars dernier. Dans ce cadre, les temps de parole pris en compte sont ceux des candidats et de leurs soutiens, toutes émissions confondues. Légère différence par rapport aux élections précédentes, la période de contrôle renforcé a été allongée de deux semaines. Le président de l’Arcom Roch-Olivier de Maistre avait en effet estimé dès le mois de mars que la campagne avait déjà « largement commencé. »
Marie Haynes