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En Iran, y a-t-il eu un tremblement de terre ou un essai nucléaire ?

De combien de temps l'Iran a-t-il besoin pour produire une arme nucléaire ?  | Euronews

Le samedi 5 octobre 2024, à 22 h 45, le centre de sismographie de l’université de Téhéran annonçait qu’un tremblement de terre d’une magnitude de 4,4 sur l’échelle de Richter venait de frapper la ville d’Aradan, dans la province de Semnan. La secousse a également été ressentie dans certaines parties de l’est de la province de Téhéran.

Quelques heures après cette annonce, une vague de spéculations s’est répandue sur les réseaux sociaux selon laquelle la République islamique aurait réalisé son premier essai atomique sous terre.

Plusieurs remarques – qui ménagent le pour et le contre :

L’Iran est un pays sujet aux tremblements de terre.

Le Conseil national de sécurité de la République islamique a réagi lundi aux spéculations, les qualifiant de « rumeurs » et soulignant une fois de plus que l’essai nucléaire contredirait la doctrine nucléaire de l’Iran.

Cette doctrine est fondée sur la fatwa publiée en 2005 par le guide de la révolution iranienne, l’ayatollah Ali Khamenei, interdisant la production, le stockage et l’usage d’armes nucléaires et précisant que l’Iran ne posséderait jamais de telles armes.

L’Iran étant une théocratie, une modification de sa doctrine nucléaire suppose une abrogation préalable de cette fatwa. Or l’islam, tout spécialement l’islam chiite des mollahs, reconnaît comme licite la pratique de la taqîya – dont le fondement coranique provient notamment de la sourate 3:28 – qui autorise le mensonge et la dissimulation lorsque ceux-ci peuvent servir Allah et son prophète. L’abrogation de la fatwa de Khamenei a pu être prononcée alors même que les mollahs continuent d’affirmer que la doctrine nucléaire de l’Iran est conforme à cette fatwa.

Selon l’agence de presse iranienne ISNA, un groupe de parlementaires iraniens a appelé le Conseil suprême de sécurité nationale à « autoriser la création d’armes nucléaires » en raison des « menaces d’Israël ».

La Foundation for Defense of Democracies (FDD), un groupe de réflexion américain basé à Washington, a publié un rapport en 2019 affirmant que l’Iran avait lancé un programme de construction de sites d’essais nucléaires souterrains, connu sous le nom de « Field Project ».

Un groupe d’experts (bien que confirmant que les essais nucléaires souterrains, notamment à une échelle pouvant être enregistrée par des sismographes, sont techniquement possibles) souligne que la profondeur et l’ampleur du mouvement sismique indiquent qu’il n’a pu être déclenché par un essai nucléaire en raison de la complexité à contenir les explosions à ces faibles profondeurs sans affecter la surface.

Les analystes du domaine signalent qu’un essai nucléaire aurait été détecté comme tel par les puissances occidentales par le biais de leurs satellites de renseignement et de surveillance. Des condamnations se seraient alors élevées en Occident, et entre autres en Israël, ce qui n’a pas été le cas. Mais étant donné la gravité de l’information, on peut imaginer que les chancelleries ont été prévenues sans que les médias ne le soient.

Ces spéculations sont apparues alors que certains responsables de la République islamique et des commandants du Corps des gardiens de la révolution islamique ont menacé l’Occident, et en particulier Israël, ces derniers mois. Les mollahs n’ont jamais fait mystère de leur volonté de détruire l’Etat hébreu. Selon ces dires depuis Téhéran, la doctrine de défense militaire de la République islamique devra évoluer si les pressions économiques, politiques et militaires sur le pays s’intensifiaient.

Selon l’ancien Premier ministre israélien Neftali Bennett, les scientifiques iraniens auraient produit assez d’uranium 235 pour pouvoir potentiellement fabriquer une dizaine de bombes atomiques de type Hiroshima.

Israël possède entre 80 et 300 ogives nucléaires sans jamais avoir procédé à des essais « grandeur nature » – ni d’ailleurs reconnaître lui non plus qu’il détient l’arme atomique…

la République islamique n’a pas divulgué avec précision ses activités nucléaires à l’Agence internationale de l’énergie atomique.

Dans le cadre des BRICS+, l’Iran et la Russie sont des partenaires économiques et stratégiques. La Russie a pu aider la République islamique à maîtriser la technologie nucléaire, comme elle l’a vraisemblablement aidée dans le domaine des missiles hypersoniques.

La prudence est donc de mise avant d’affirmer que l’Iran vient de procéder à un essai nucléaire « secret ». Une certitude : l’Iran flirte avec le seuil atomique. La maîtrise de la bombe par la République islamique n’est plus qu’une question de mois – fatwa ou non… –, sauf si Israël, conscient du risque existentiel qu’il encourt, n’annihile le potentiel nucléaire de l’Iran par des bombardements de masse, éventuellement atomiques.

L’ancien Premier ministre d’Israël Naftali Bennett a déclaré le 8 octobre que des circonstances historiques sont apparues pour attaquer les installations nucléaires de l’Iran – faisait-il allusion au « tremblement de terre » du 4 octobre ?… Selon lui, Israël dispose de quatre éléments-clés. Le premier d’entre eux est un « engagement déclaré » de la part des États-Unis de « ne jamais permettre à l’Iran d’acquérir des armes nucléaires ». Le second est la nécessité de frapper, car « au cours des deux dernières années, l’Iran a accumulé suffisamment d’uranium hautement enrichi pour produire dix ogives nucléaires ». Le troisième élément est la capacité même de l’État juif à lancer une telle frappe, et le quatrième est qu’Israël a maintenant une raison valable pour une telle attaque.

On peut donc s’attendre à ce que dans les mois qui viennent, le Proche-Orient soit le théâtre de méga-feux d’artifice…

Henri Dubost

Date de dernière mise à jour : 10/10/2024

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