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Face à "la menace russe", "rester spectateur serait une folie" : ce qu'il faut retenir de l'allocution d'Emmanuel Macron consacrée à la guerre en Ukraine

Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron alerte sur la menace russe et promet  des « pas décisifs » | Les Echos

Le président de la République a déclaré mercredi vouloir des "investissements supplémentaires" dans le domaine de la défense, et ce, "sans augmenter les impôts".

"Notre prospérité et notre sécurité sont devenues incertaines." Emmanuel Macron s'est exprimé, mercredi 5 mars, dans une allocution télévisée consacrée à la défense nationale dans le contexte de la guerre en Ukraine et des récents revirements américains. "La menace russe est là et touche les pays d'Europe" a déclaré le chef de l'État. "Cette agressivité ne semble pas connaître de frontières et face à ce monde de danger, rester spectateur serait une folie", a-t-il ajouté.

Alors que le soutien américain aux Européens est incertain et que Donald Trump opère un rapprochement diplomatique avec Moscou, Emmanuel Macron juge que "les États européens doivent pouvoir mieux se défendre". Il a en ce sens promis des "investissements supplémentaires" dans le domaine de la défense. Voici ce qu'il faut retenir de la prise de parole du président de la République. 

Il estime que "la Russie est devenue une menace pour la France"

Emmanuel Macron a haussé le ton face au Kremlin. "La Russie est devenue une menace pour la France et pour l'Europe", a-t-il affirmé, ajoutant que Vladimir Poutine avait "déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial". Moscou "viole nos frontières pour assassiner des opposants, manipule les élections en Roumanieen Moldavie", "organise des attaques numériques contre nos hôpitaux" et "tente de manipuler nos opinions avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux". C'est la première fois qu'Emmanuel Macron accuse directement la Russie de mener des cyberattaques. Pour le président, "face à ce monde de danger, rester spectateur serait une folie." 

En ce sens, "nous devons continuer d'aider les Ukrainiens à résister jusqu'à ce qu'ils puissent négocier avec la Russie une paix solide pour eux, et pour nous tous", a insisté Emmanuel Macron. Il a assuré travailler avec ses partenaires européens pour "consolider les engagements nécessaires à l'Ukraine", rappelant sa participation à la réunion de Londres, dimanche, entre différents dirigeants européens. Il est également attendu jeudi à un Conseil européen spécial sur la question de l'aide à Kiev et de la défense européenne.

La paix en Ukraine "passera aussi, peut-être, par le déploiement de forces européennes. Celles-ci n'iraient pas se battre aujourd'hui, elles n'iraient pas se battre sur la ligne de front, mais elles seraient là, au contraire, une fois la paix signée, pour en garantir le plein respect", a voulu rassurer le chef de l'Etat. Le président a été le premier dirigeant européen à évoquer cette possibilité et a mentionné ce projet de façon officielle lors de sa rencontre avec Donald Trump à la Maison Blanche, le 24 février. "Dès la semaine prochaine, nous réunirons à Paris les chefs d'état-major des pays qui souhaitent prendre leurs responsabilités à cet égard", a ajouté Emmanuel Macron mercredi.

Il veut "renforcer l'indépendance" de l'Europe vis-à-vis des Américains

Le rapprochement observé entre Donald Trump et Vladimir Poutine rend la relation transatlantique incertaine. "Je veux croire que les Etats-Unis resteront à notre côté, a-t-il assuré, mais il nous faut être prêts si tel n'était pas le cas", ajoutant que "nous restons attachés à l'Otan, mais il nous faut (...) renforcer notre indépendance en matière de sécurité et de défense". "L'avenir de l'Europe n'a pas à être tranché à Washington ou à Moscou", a-t-il ajouté, alors que les Européens sont tenus à l'écart des négociations sur l'issue de la guerre en Ukraine.

Le président est également revenu sur les nouvelles taxes douanières américaines annoncées par la Maison Blanche, les qualifiant d'"incompréhensibles". Après avoir appliqué une hausse de 25% au Canada, au Mexique et de 10% à la Chine, Donald Trump a menacé l'UE d'être la prochaine sur la liste. Emmanuel Macron a expliqué qu'il espérait encore "en dissuader" Donald Trump. Le président américain a promis d'imposer des "droits de douane réciproques" au nom de l'"équité" dans les relations commerciales entre les États-Unis et le reste du monde. Une telle décision "aura des conséquences sur certaines de nos filières", a prévenu Emmanuel Macron, et "ne restera pas sans réponse de notre part".

Il promet des "investissements supplémentaires" dans la défense, "sans augmenter les impôts"

Emmanuel Macron a promis des "investissements supplémentaires" en matière de défense, "compte tenu de l'évolution des menaces", tout en assurant que cela se ferait "sans que les impôts ne soient augmentés". "Ce seront de nouveaux investissements qui exigent de mobiliser des financements privés, mais aussi des financements publics", a affirmé le chef de l'État. "Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage", ajoutant avoir "demandé au gouvernement d'y travailler le plus vite possible".

A l'échelle des Vingt-Sept, "nous franchirons des pas décisifs, plusieurs décisions seront prises" à l'occasion du Conseil européen de jeudi, a encore assuré Emmanuel Macron. "Les États membres pourront accroître leurs dépenses militaires sans que cela soit pris en compte dans leur déficit. Les financements communs massifs seront décidés pour acheter et produire sur le sol européen", a précisé le président.

Il a voulu rassurer sur la dissuasion nucléaire

La décision de recourir à l'arme nucléaire "a toujours été et restera entre les mains du président de la République", a assuré Emmanuel Macron. Il souhaite néanmoins "ouvrir le débat stratégique" sur la protection de l'Europe par l'arme nucléaire française. Un choix qu'il a justifié par "l'appel historique du futur chancelier allemand [Friedrich Merz]". Ce dernier a placé la défense du Vieux Continent au rang de "priorité absolue" face à une administration américaine "indifférente au sort de l'Europe", rompant avec la doctrine historiquement atlantiste de Berlin.

Le président avait déjà tenu cette position il y a quelques jours. "La France a toujours reconnu une dimension européenne à ses intérêts vitaux", avait ainsi déclaré le président en marge d'une visite au Portugal le 28 février. "Je suis disponible pour que cette discussion s'ouvre", avait-il poursuivi, avant d'ajouter : "Si les collègues veulent avancer vers une plus grande autonomie et des capacités de dissuasion, alors nous devrons ouvrir cette discussion très profondément stratégique."

La Rédaction service politique avec AFP

Date de dernière mise à jour : 06/03/2025

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