• La France à Gaza : une monumentale pantalonnade diplomatique, résultante de la rencontre d’un bouffon et de son seigneur.
• L’usage de l’intelligence artificielle par Israël : Un aveu de faiblesse.
• Walid Al Khalidy : En 6 semaines de guerre contre Gaza, Israël a tué plus de Palestiniens qu’en 106 ans de présence juive en Palestine.
La genèse de la coalition internationale contre le Hamas : Une géniale idée du génial BHL
C’est l’histoire de la rencontre d’un bouffon et de son seigneur, qui va déboucher sur une monumentale pantalonnade diplomatique de la France lors de la guerre de Gaza.
Celle de Bernard-Henri Lévy, l’éternel «conseiller des princes» et de Emmanuel Macron, le Jupiter de France. Autrement dit, la rencontre du mauvais génie de la diplomatie française et du petit génie de la diplomatie française, lors de la guerre israélo-palestinienne de Gaza, en octobre 2023. Elle provoquera une déflagration ravageuse… pour la diplomatie française, précisément. Voire une pantalonnade monumentale pour la diplomatie française.
Ravissant le rôle de Alain Juppé, à l’époque patron du Quai d’Orsay, lors de la guerre de Libye, en 2011, BHL avait conseillé à Nicolas Sarkozy de bombarder le pays. Avec le succès que l’on sait. Récidiviste impénitent, en 2023, le philosophe du botulisme soufflera au balnéaire du Touquet, douze ans plus tard, une idée qui se voulait «géniale» :
La constitution d’une coalition internationale contre le Hamas, sur le modèle de la coalition internationale contre Daech, mise sur pied lors de la guerre de Syrie, en 2O12.
Mais l’idée recelait un piège de taille : La coalition internationale contre Daech comprenait des États arabes, alors que la coalition internationale contre le Hamas a suscité un tollé international par son caractère saugrenu.
Sans doute flatté par la fréquentation de cet intellectuel médiatique, négligeant le fait que cet «éternel nouveau philosophe», en fait, le fer de lance de la guerre médiatique pro-israélienne sur le théâtre européen, est davantage un homme de l’OTAN plus qu’un homme de son temps. Conséquence de ce judicieux conseil : Jupiter de France a fait l’objet d’un tir croisé tant de la presse arabe que de la presse française. Une vitrification en règle.
Il était pour autant admis depuis Jean de la Fontaine que «Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute» (Le Corbeau et le Renard).1
Mettant à profit le branle-bas diplomatique déclenchée par l’opération «Déluge Al Aqsa», Emmanuel Macron a dépêché au Liban son émissaire attitré, M. Jean Yves Le Drian, fin octobre, pour sonder les autorités libanaises, alliées de la France, – le patriarche maronite et les chefs des anciennes milices chrétiennes, Samir Geagea (Forces Libanaises) et Sami Gemayel, (phalangiste) -, sur la possibilité de modifier la résolution 17401 du Conseil de Sécurité de l’ONU, en vue d’aménager une zone démilitarisée dans la région frontalière libano-israélienne et entraver ainsi toute possibilité d’action du Hezbollah libanais contre Israël.
L’entretien de l’émissaire français avec M. Gebrane Bassil, chef du Courant Patriotique Libanais (CPL), a été bref et houleux. M. Le Drian plaidant en faveur de l’élection du commandant en chef de l’armée libanaise, le général Joseph Aoun, à la présidence de la République libanaise «dans l’intérêt de la France et de l’Europe», faisant valoir que sa présence à la tête de l’État Libanais pourrait brider le flux migratoire des réfugiés syriens vers l‘Europe, oubliant que sous la mandature du socialiste François Hollande, dont il était le ministre de la défense, la France a été un des chefs de file de la destruction de la Syrie.
Dans la foulée, La France a même demandé au Liban l’autorisation de faire accoster un bateau transportant 500 soldats et 50 véhicules blindés, mais la requête française a été refusée. Résultat de ce micmac : Le journal libanais Al Akhbar n’a pas hésité à qualifier la France d’«odieux agent stipendié au service de l’ennemi», alors que Le Monde, titrait plus sobrement «À Dubaï, Emmanuel Macron fait les frais de l’irritation des dirigeants arabes».
Les manifestations pro palestiniennes jusque-là interdites en France au début des hostilités ont subitement commencé à fleurir sur les places publiques françaises. Ce qui a permis à Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères, dont la prestation tout au long de cette séquence a été d’une pâleur étincelante, d’assurer d’une voix suave, tranquillement : La France affiche une «position claire depuis le début» du conflit entre Israël et le Hamas en affirmant qu’il «est possible à la fois d’être solidaire des Israéliens et des Palestiniens»… Un rétropédalage express en somme.
L’usage de l’intelligence artificielle par l’armée israélienne dans la guerre de Gaza : Un aveu de faiblesse
Disposant d’une supériorité aérienne absolue, d’une armée qui passe pour être l’une des plus performantes au monde, Israël a néanmoins mis en service l’intelligence artificielle pour le bombardement de la bande de Gaza, sans toutefois obtenir ni la capitulation du Hamas, que le Premier Ministre Benyamin Netanyahou s’était juré d’éradiquer, ni le soulèvement de la population contre le mouvement islamiste palestinien.
Qu’Israël fortement soutenu militairement par les États Unis, et diplomatiquement et médiatiquement par le bloc occidental, ne soit pas parvenu à la reddition de l’enclave, soumise, de surcroit à un blocus depuis 2008, soit depuis 14 ans, constitue un aveu d‘impuissance d’autant plus manifeste, que son ennemi dispose d’équipements rudimentaires, de fabrication majoritairement artisanale.
Une longue enquête du média israélo-palestinien de gauche +972, en date du 30 novembre 2023 le confirme.
Le quotidien Libération en fait état. L’utilisation de ce type de technologies, explique-t-il, se fait dans un cadre outils algorithmiques destinés à optimiser l’action sur le terrain. Trois algorithmes, nommés «Alchemist», «Gospel», et «Depth of Wisdom» sont mobilisés. Un autre système, «Fire Factory», a été décrit en juillet 2023 par Bloomberg.
Dans un contexte militaire, l’IA est utilisée pour analyser un très grand nombre de données issues du renseignement (ou de la logistique dans certains cas), et estimer rapidement les effets des différents choix stratégiques possibles. Deux outils, en particulier, seraient utilisés par Tsahal dans le cadre des attaques menées depuis le 7 octobre. Le premier, «Gospel» (ou «Habsora»), vise à suggérer les cibles les plus pertinentes pour une attaque, dans un périmètre donné. Le second, «Fire Factory», sert à optimiser, en temps réel, les plans d’attaques des avions et des drones, en fonction de la nature des cibles choisies. L’algorithme se chargerait de calculer la quantité de munitions nécessaires, d’attribuer les cibles aux différents avions et drones, ou de déterminer l’ordre le plus pertinent pour les attaques.
Walid Al Khalidy : En 6 semaines de guerre contre Gaza, Israël a tué plus de Palestiniens qu’en 106 ans de présence juive en Palestine
Mais cette écrasante supériorité militaire israélienne, amplifiée par le pont aérien américain, a fait de ce conflit «l’un des plus destructeurs et meurtriers du XXIe siècle». Au point qu’un historien palestinien de renom, Walid Al Khalidy, fondateur de l’Institut d’Études Palestiniennes, a estimé qu’Israël a tué en six semaines de Guerre contre le Hamas à Gaza, près de 20 000 Palestiniens, la plupart des civils, soit plus qu’en 106 ans de présence juive en Palestine, amorcée avec la Promesse Balfour portant création d’un «Foyer national juif en Palestine», en 1017.
De son côté, M. Haytham Manna, président de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme (SIHR), et doyen des opposants politiques syriens, a précisé que la guerre de destruction de Gaza a compté en 55 jours, le double des pertes civiles enregistrées en deux ans de guerre en Ukraine (2022-2023).
Et que le nombre de journalistes, de médecins et de servants des institutions des Nations unies opérant dans l’enclave est infiniment supérieur au nombre de ceux tués en 20 ans de Guerre du Vietnam (1955-1975) ou en 8 ans de guerre d’Irak (2003-2011).
Plus précisément 50 journalistes ont été tués en 45 jours à Gaza, dont 11 dans le cadre de leurs fonctions : l’un des bilans les plus meurtriers de ce siècle.6
Sur le front Nord, à la frontière libano israélienne, le Hezbollah a infligé à l’armée israélienne les pertes suivantes :
L’usage de l’intelligence artificielle et des armes les plus sophistiqués de l’arsenal occidental n’ont pas découragé les ennemis d’Israël.
Ainsi sur le Front Nord, la première phase de la Guerre (8 octobre – 28 novembre 2023), le Hezbollah a mené 299 opérations contre l’armée israélienne, contraignant l’État Hébreu à évacuer 70 000 personnes de 43 agglomérations de la zone.
Optant pour une stratégie de montée progressive de la tension à la frontière libano israélienne afin d’aveugler Israël à sa frontière Nord, la formation paramilitaire chiite a réussi à neutraliser le dispositif de surveillance, de repérage et d’écoutes établi le long de la frontière israélienne, infligeant même des dégâts au «Mur de Séparation», édifié en ciment dans la zone pour empêcher les infiltrations de commandos libanais.
Les pertes israéliennes sur le front libanais se sont établies comme suit : 21 drones abattus, 40 positions fortifiées endommagées, de même que 170 caméras de surveillance, 77 systèmes de télécommunications, 47 radars, 47 système de brouillage électronique, alors que le nombre des pertes humaines s’est élevé à 355 victimes (tués ou blessés)
L’engagement du Hezbollah dans la guerre a contraint Israël à immobiliser dans la région frontalière libano-israélienne le tiers des effectifs logistiques de l’armée israélienne, y compris des troupes d’élite, la moitié de ses forces navales, alors que 50 pour cent de sa force balistique a été positionnée en direction du sud-Liban.7
Le coût de la guerre durant cette même période a été évalué à 50 milliards de dollars, dont 28 milliards de dollars de dépenses militaires pour Israël. Ce chiffre ne tient pas compte du pont aérien assuré par les États Unis en vue de ravitailler l’armée israélienne, notamment des missiles «Patriot» pour équiper le Dôme de fer israélien qui protège l’espace aérien de l’État Hébreu de la balistique palestinienne, ni des superbombes anti bunker pour perforer les tunnels du Hamas.
Le Center for Strategic and International Studies (CSIS) estime qu’une batterie de Patriot coûte environ 1,1 milliard de dollars : 400 millions de dollars pour le système, 690 millions de dollars pour les missiles – le prix d’un missile à l’unité est évalué à 4,1 millions de dollars (3,80 millions d’euros).
Et les Israéliens prédisent que la guerre de Gaza va durer plusieurs semaines… Aux frais partiels du contribuable américain, déjà sollicité pour la guerre en Ukraine.
René Naba - source : Madaniya