Israël aurait-il perdu la guerre de la communication ? Des voix de plus en plus nombreuses condamnent le pilonnage massif et indiscriminé sur Gaza. Des doutes apparaissent sur les infos de Tsahal.
Depuis l’invasion terrestre de Gaza, le 28 octobre 2023, en riposte à l’attaque du Hamas du 7 octobre, Israël n’a cessés de bombarder massivement l’enclave palestinienne, n’épargnant ni les écoles, ni les hôpitaux, ni les camps de réfugiés. Près de 14.000 Palestiniens, dont environ 5.000 enfants ont été tués et des dizaines de milliers ont été blessés par une avalanche de bombes rarement connue depuis la dernière guerre mondiale.
Ceux qui ont laissé faire…
La communauté internationale jusqu’ici très distrète sur ce conflit, sans doute par couardise, commence à réagir face à l’énormité du massacre qui se déroule sous nos yeux, jusqu’ici dans une indifférence quasi-générale. De nombreux chefs d’État et de gouvernements ont compris que l’Histoire jugera ceux qui ont laissé faire.
Dimanche, le haut-commissaire de l’ONU aux Droits d’Homme est sorti de son silence pour affirmer que les événements qui se déroulent dans la bande de Gaza « allaient à l’encontre de la protection élémentaire qui doit être accordée aux civils ».
Le président de l’Union africaine (UA), Azali Assoumani, ardent défenseur de la cause palestinienne, a condamné la riposte israélienne à Gaza en représailles aux attaques sanglantes du Hamas, jugeant qu’elle n’était « pas excusable » au vu des victimes civiles, et qu’elle conduirait à nourrir « l’extrémisme ».
La Chine, elle aussi, s’inquiète de la situation. « Œuvrons ensemble pour calmer rapidement la situation à Gaza et rétablir la paix au Moyen-Orient dès que possible », a déclaré Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères. « Une catastrophe humanitaire se déroule à Gaza », a-t-il affirmé face aux hauts diplomates de la délégation, dont les ministres des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, de l’Indonésie, de l’Égypte, de l’Arabie saoudite et de la Jordanie.
Le président chinois Xi Jinping et Emmanuel Macron ont évoqué par téléphone, ce lundi, le conflit Israël-Hamas. Tous deux affirment vouloir « éviter une crise humanitaire plus grave ».
Le président français a interpellé le Premier ministre israélien sur « les trop nombreuses pertes civiles » à Gaza. Enfin, précisions que le président russe, Vladimir Poutine, participera ce mardi à un sommet virtuel des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) consacré au « conflit israélo-palestinien ».
Des doutes sur les infos de Tsahal
Israël justifie la poursuite de ses opérations sur Gaza en accusant le Hamas d’utiliser les populations civiles comme boucliers humains. Selon Tsahal, le Hamas aurait installé son centre de commandement dans l’hôpital Al-Shifa qui a été évacué à la hâte.
Or, la presse internationale commence à douter des informations provenant de l’armée israélienne. Louis Augry, journaliste à la cellule »Vrai ou Faux » de Franceinfo, a visionné une vidéo de 7 minutes fournie par l’armée israélienne. On y voit le lieutenant-colonel Jonathan Conricus « jouer la transparence et montrer ce qu’ils trouvent en temps réel dans cet hôpital d’Al-Shifa ». Or, des journalistes de Fox News et de la BBC qui accompagnent l’armée israélienne ont constaté l’ajout d’une arme dans une salle. En outre, les lieux auraient été « arrangés ».
Mêmes doutes sur les tunnels dont parle Israël. « Pour le cas précis de l’hôpital Al-Shifa, on n’a pas de preuves qui paraissent suffisantes du fameux réseau dont parle Israël depuis des semaines. Tout ce qu’on a, ce sont ces vidéos, ces images qui nous viennent d’une seule source, celle de l’armée israélienne. Il faut garder en tête qu’on est sur de la communication de guerre, et qu’elle mérite d’être expliquée », conclut Louis Augry.
Reste que l’opinion publique mondiale, dans sa grande majorité, n’accepte pas que les massacres du 7 octobre puissent justifier ceux qui sont perpétrés depuis 45 jours à Gaza. À cet égard, Israël a d’ores et déjà perdu la guerre de l’information.
Marcel Gay
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