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La Chine veut construire le plus grand barrage du monde au Tibet et ça inquiète beaucoup ses voisins

Sortir du charbon, c'est bien, sans faire de victimes, c'est mieux. | Gabor Koszegi <a href="https://unsplash.com/fr/photos/bateau-blanc-sur-leau-bleue-pres-de-la-montagne-verte-et-brune-pendant-la-journee-auZHn3HI03I" rel="nofollow">via Unsplash</a>

Risque de séismes, déplacement de populations, menaces sur l'approvisionnement en eau… Le prix à payer pour sortir du charbon ?

300 milliards de kilowattheures par an, soit trois fois plus que le (déjà monstrueux) barrage des Trois-Gorges: c'est ce que pourrait générer le futur barrage de Motuo, que la Chine prévoit de construire dans le xian (district) de Mêdog, au Tibet, dans une zone vulnérable aux tremblements de terre. Ce mégaprojet doit aider la Chine à sortir du charbon, mais préoccupe aussi bien les populations locales et la communauté scientifique que ses voisins indiens et bangladais, raconte le quotidien américain The New York Times.

« La zone où le barrage est en construction est sujette aux tremblements de terre, explique le journal. Le fleuve tibétain Yarlung Tsangpo, où sera construit le barrage, se jette dans l'Inde voisine sous le nom de Brahmapoutre et au Bangladesh sous le nom de Jamuna, ce qui suscite des inquiétudes dans ces pays quant à la sécurité de leur approvisionnement en eau. »

Pékin reste très secret concernant le projet Motuo. On ignore ainsi le coût du projet, les entreprises mobilisées, les modalités de financement et surtout le nombre de personnes déplacées. Mais il est probable que PowerChina, leader chinois de l'hydroélectrique, soit impliqué. La construction du barrage, dans un canyon profond de 500 mètres dépourvu de routes, le «Grand Virage», pourrait durer dix ans.

Catastrophes en cascade 

« Même si le barrage de Motuo est suffisamment solide pour résister à un tremblement de terre, les glissements de terrain et les coulées de boue qui en résultent sont difficiles à contenir et peuvent tuer les personnes vivant à proximité, alerte le New York Times. Les experts estiment que les énormes travaux d'excavation nécessaires à la construction du barrage pourraient rendre de telles catastrophes plus probables. »

Les voisins de la Chine situés en aval, le Bangladesh et surtout l'Inde, redoutent que leur approvisionnement en eau ne diminue et que les terres situées le long du fleuve perdent en fertilité, en raison du piégeage des sédiments par le barrage. New Delhi envisage de construire son propre barrage sur le Brahmapoutre pour compenser l'impact de Motuo, mais il risque d'avoir les mêmes conséquences négatives.

Tout cela, couplé au manque de transparence de Pékin, ne devrait pas arranger les tensions à la frontière sino-indienne, où des affrontements meurtriers à coups de bâtons et de pierres –les armes à feu étant proscrites– opposent régulièrement les militaires des deux puissances nucléaires.

Camille Lemaïtre

Date de dernière mise à jour : 13/02/2025

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