
Le président Vladimir Poutine s’est dit ouvert à des pourparlers avec l’Ukraine, tout en excluant d’échanger directement avec son homologue Volodymyr Zelensky, qu’il a qualifié d' »illégitime« . Le maître du Kremlin n’a aucune raison d’accepter des négociations de paix qui ne seraient pas à ses conditions, alors que son armée avance face à des forces ukrainiennes à la peine, et que moins de la moitié des objectifs militaires de l’« opération spéciale » de février 2022 a été atteinte.
Le mandat de Volodymyr Zelensky en tant que président ukrainien a expiré le 21 avril 2024, mais la législation ukrainienne interdit toute tenue d’élections tant que la loi martiale, en place depuis le début de l’offensive russe en février 2022, reste en vigueur. En ce sens, ce n’est pas sans raison que Vladimir Poutine qualifie Zelensky de « président illégitime« .
Le président russe a également ironisé sur le fait que toutes négociations, elles aussi, seraient « illégitimes » si elles se tenaient maintenant, faisant référence à un décret de Volodymyr Zelensky d’octobre 2022, excluant toute négociation tant que Vladimir Poutine serait au pouvoir. Joli coup de la part de ce maître d’échecs qu’est le maître du Kremlin…
Si Volodymyr Zelensky « veut participer à des négociations, je choisirai des personnes qui mèneront ces négociations« , a averti mardi Vladimir Poutine, suggérant donc qu’il n’y prendrait pas part lui-même dans ce cas de figure.
Rien n’oblige le président Poutine a entamer des « négociations de paix » :
Son armée avance, lentement mais sûrement, face aux troupes ukrainiennes.
L’armée de Kiev souffre de sous-effectifs et de sous-équipements, maux qui rendent possible un brutal effondrement du front.
Moins de la moitié des objectifs militaires de l’« opération spéciale » a été atteinte.
L’arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump rend probable une diminution drastique de l’aide américaine à l’Ukraine.
Le maître du Kremlin a néanmoins jugé qu’il serait malgré tout possible de trouver « un moyen juridique » de tenir des pourparlers si Kiev le souhaitait. « Pour l’instant, nous ne voyons pas de telle volonté« , a-t-il assuré.
Depuis son entrée en fonction le 20 janvier, Donald Trump a fait pression sur les deux parties pour mettre fin aux combats, menaçant de durcir les sanctions contre la Russie tout en affirmant que Volodymyr Zelensky était prêt à négocier un « accord« . On remarquera que la Russie ne souffre aucunement des « sanctions » mises en place par les alliés. Les dindons de la farce sont les Européens dont les économies ont grandement pâti de ces « sanctions ».
Vladimir Poutine a assuré lors d’une récente interview à la télévision russe que les combats cesseraient en moins de « deux mois » si l’aide occidentale fournie à Kiev s’épuisait : « Ils ne tiendront pas un mois si l’argent et les munitions s’épuisent. Tout serait fini en un mois et demi ou deux mois« .
Volodymyr Zelensky, longtemps hostile à toute négociation avec Moscou, a ces derniers temps évoqué cette possibilité, mais à la condition de solides garanties de sécurité pour son pays de la part des Occidentaux.
Moscou martèle que tout potentiel accord pour mettre fin au conflit en Ukraine doit tenir compte de ces « réalités du terrain« . Le Kremlin demande en substance la reddition de l’Ukraine, qu’elle renonce à rejoindre l’Otan et que la Russie prenne le contrôle des territoires ukrainiens sur lesquels elle revendique sa souveraineté :
Énième preuve de la corruption généralisée qui règne au sommet de l’appareil d’État ukrainien : le gouvernement ukrainien a limogé mardi un vice-ministre de la Défense chargé des achats d’armes, après que le ministre de la Défense l’a accusé d’avoir « échoué » à assurer la « fourniture en temps voulu de munitions » aux soldats.
Henri Dubost