En décembre 2022, la Section technique de l’armée de Terre [STAT] fit savoir qu’elle venait de valider la dernière campagne de tir du système ARLAD [adaptation réactive pour la lutte anti-drones], intégré à un Véhicule de l’avant blindé [VAB]. « Plusieurs objectifs ont été atteints », comme « l’amélioration de la précision des tirs grâce à l’intégration des nouveaux paramètres météo » ou encore comme « l’adaptation des tirs de grenades selon le comportement et la trajectoire du drone », avait-elle précisé.
Le développement du VAB ARLAD fut lancé par la STAT en 2020. Il s’agissait alors de répondre à une urgence opérationnelle, comme l’avait expliqué Joël Barre, alors Délégué général pour l’armement [DGA]. « L’enjeu est de doter les véhicules de l’avant blindés [VAB] d’un radar de détection anti-drones et d’un effecteur capable de détruire les drones – une mitrailleuse de 12,7 mm – qu’il est prévu de doter également d’une capacité de lancement de grenades », avait-il détaillé.
La mitrailleuse de 12,7 mm s’étant avérée insuffisante, la STAT eut l’idée de la compléter par une capacité dite « airbust », reposant sur un lance-grenades de 40 mm. Le tout devait être associé à un radar – le même que celui du système MILAD [Moyens Interarmées de Lutte Anti-Drones] – capable de détecter un mini-drone à 2500 mètres de distance.
Bien que quelques exemplaires aient été déployés au Sahel en 2021, le VAB ARLAD n’est toujours pas opérationnel au sein de l’armée de Terre. Mais cela ne saurait tarder.
En effet, via le réseau social LinkedIn, la STAT a indiqué que le VAB ARLAD est désormais « produit en série » et qu’il venait de faire « son entrée dans les rangs de l’armée de Terre », plus précisément au sein du Centre de formation à la lutte anti-aérienne toutes armes [LATTA], lequel relève du 17e Groupe d’Artillerie de Biscarosse. « Ce déploiement va se poursuivre dans l’ensemble des régiments d’artillerie », a-t-elle ajouté.
La mise au point du VAB ARLAD a été appuyée par Arquus et CS Group, auquel avait été confié le programme MILAD.
Ancien responsable des plans et programmes à l’État-major de l’armée de Terre [EMAT], le général [2S] Charles Baudouin a rappelé, non sans esprit critique, la genèse de ce programme, via un commentaire concernant un RETEX [retour d’expérience] du VAB ARLAD organisé par la STAT en mars dernier.
« ARLAD est une initiative de l’EMAT de 2018 réalisée par la STAT alors que les signaux de la dangerosité des drones se multipliaient. C’est non pas une adaptation réactive mais une anticipation proactive car l’EMAT et la STAT en leur temps n’ont pas été suivis. Alors, l’armée de Terre est partie seule et 6 ans après, il n’y a toujours qu’Arlad réalisé quasi unitairement. Un goût un peu amer », a en effet réagi le général Baudouin.
« Même constat que pour les drones de masse et en [leur] temps les IED [négligés trop longtemps]. Les signaux faibles ne sont pas pris en compte car le budget des armées est déjà distribué et cela rend sourd… », a-t-il ensuite déploré.
Seulement 12 VAB ARLAD entreront en dotation. Un aussi faible volume « ne permet pas d’équiper de façon cohérente les forces terrestres face à la prolifération des drones sur le champ de bataille », avaient d’ailleurs déploré les députés Jean-Louis Thiériot [LR] et Natalia Pouzyreff [Renaissance], auteurs d’un rapport sur la défense sol-air en France et en Europe, en février 2023.
Selon la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, en plus de ce 12 VAB ARLAD, l’armée de Terre devrait disposer de 36 véhicules blindés multirôles légers [VBMR-L] Serval dédiés à la lutte anti-aérienne, dont 24 seront équipés d’une tourelle MISTRAL [missile transportable anti-aérien léger].
Laurent Lagneau